En dépit de son titre français un peu facile louchant vers Une nuit en enfer de Roberto Rodriguez, Une virée en enfer n'est pas pour autant un film à sous-estimer et ce, malgré sa sortie à la sauvette, près de trois ans après sa réalisation. Mis en scène par John Dahl, un des maîtres du polar des années 80/90, à auquel on doit des perles telles Kill Me Again (1989) ou Last Seduction (1994) qui révéla Linda Fiorentino, Joy Ride, par son sujet, fait bien entendu immédiatement penser à Duel (1971) et au Hitcher (1986) de Robert Harmon. Davantage hommage que plagiat et même s'il ne peut soutenir la comparaison avec le premier et remarquable opus de Steven Spielberg, ce film est plutôt impressionnant. Dahl s'y connait en matière de suspense et on reste scotché tout du long, sans baisse de régime notable. Ceci est particulièrement vrai pendant la première partie centrée autour de Paul Walker et Steve Zahn, tous les deux très convaincants, en particulier le second, génial et presque grandiose dans le rôle du frangin gouailleur et immature, un peu voyou, bourré de défauts mais forcément attachant. Par ailleurs, le cinéaste sait fait monter la pression, la tension en jouant habilement sur nos nerfs. Il parvient à rendre malveillant ce filet de voix craché par la CB que les frérots ont installée dans leur caisse.
Bien sûr, l'histoire se révèle totalement invraisemblable et sent le déjà-vu à plein gaz mais on s'en fout pas mal tant le film tient la route, modèle d'efficacité et de maîtrise. Après une deuxième partie en guise de pause où rayonne le charme radieux et juvénile de Leelee Sobieski, ça repart de plus belle en bifurquant vers le film de terreur pur jus (alors) à la mode, avec le kidnapping franchement convenu de la meilleure amie de Venna. C'est dommage mais John Dahl est un réalisateur suffisamment talentueux pour éviter, certes parfois de justesse, de sombrer dans les pires facilités de l'horreur pelliculée pour ados. Une virée en enfer demeure ainsi un film hautement recommandable, tâché d'humour macabre, défendu par un sympathique trio d'acteurs très en forme et qui ne méritait pas la sortie désastreuse dont il a fait l'objet. Et de toute façon, il reste bien supérieur à ses deux suites inutiles et à tous les Souviens-toi l'été dernier et autre Urban Legends du même acabit avec lesquels il peut partager un public boutonneux similaire. (vu le 22.02.2022) ⍖⍖⍖
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