42ème rue constitue une étape importante dans l'histoire de la comédie musicale dont il demeure un des fleurons d'avant-guerre. Si, après avoir remplacé Mervyn Leroy, Lloyd Bacon en assume la paternité, le film doit en réalité (presque) tout à Bubsy Berkeley qui l'a chorégraphié, semble-t-il en toute liberté voire indépendance, vis à vis du réalisateur alors même qu'il s'agit de sa première collaboration avec la Warner. A travers ces numéros déjà grandioses mais encore sages (ce n'est pas Chercheuses d'or qu'il dirigera d'ailleurs lui même) et ces travellings majestueux se devinent sa forte personnalité et son génie visuel qui ne demande alors qu'à s'extraire de sa gangue. Installé dans les entrailles d'un théâtre où se prépare un spectacle, 42nd Street étonne par ailleurs, autant par son érotisme (il est une véritable orgie de jambes gainées de soie) que par son réalisme entaché de noirceur, à des années-lumière du glamour hollywoodien dont le genre se sertira plus tard. Julien Marsh, le metteur en scène est un homme malade et désabusé, personnage aussi puissant que tourmenté dont Warner Baxter tire une de ses meilleures performances. Par sa ténacité brutale, il incarne le triomphe de la volonté, héros rooseveltien qui mène à bien son projet face aux embûches qu'il affronte. De son côté, la vedette du spectacle, Dorothy Brock (Bebe Daniels) est obligé de coucher avec le producteur, le libidineux Abner Dillon (Guy Kibbee dans un rôle surprenant), témoignant déjà de l'asservissement des femmes par des hommes dominateurs. Une sexualité trouble imprègne ainsi tout du long le film même si, Code Hays oblige, elle reste suggérée mais pourtant ô combien évidente. Pour toutes ces raisons, 42ème rue a peu vieilli malgré son âge vénérable et nous ne sommes pas prêts d'oublier ni les (trop) rares apparitions de Ginger Rogers ni ces danseurs aux allures de machines et encore moins son final à la mégalomanie à peine étouffée. (vu le 16.03.2021) ⍖⍖⍖
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