7 août 2020

Jack Maniak | Maniaktivity (2020)




Mine de rien, cela fait plus de deux ans déjà que Jack Maniak crachait son premier jet, concentré surtivaminé de synthwave passée à la moulinette métallique. De fait, nous n'en pouvions plus d'attendre le successeur de "Code 403". Il y eut bien la participation à la compilation "Tokyo Crisis" il y a quelques mois mais ce ne fut pas suffisant pour nous rassasier. Reste qu'en embauchant son frère d'armes, Krys Denhez (Ophe, Demande à la Poussière) sur ce 'Sad Bloody Circus', Jean-Philippe Ouamer indiquait pourtant dans quelle direction son projet allait tendre, oblitérant de pistes vocales sa partition electro. Ce que confirme aujourd'hui "Maniaktivity".

Simple EP, celui-ci n'est donc pas le véritable deuxième effort de Jack Maniak mais en étirant sa toile sur près de trente minutes, il n'en poursuit pas moins les aventures de son héros, sorte de cousin de Billy Peltzer ("Gremlins"). Surtout, les cinq chansons qui le remplissent sont de vraies bombes atomiques auxquelles le chant, loin de sucer leur vitalité, participe au contraire d'une énergie décuplée. En cela, le frenchie réussit mieux que d'autres, parfois plus renommés (nous ne citerons personne) cet exercice pas toujours très heureux.

Pour l'aider dans son entreprise, le maître des lieux a bien sûr convié Krys Denhez, son fidèle comparse au sein de Område (qui n'est jamais très loin), lequel vient hanter et noircir le morceau-titre. Mais c'est avant tout Lionel Nardari (Idensity) qui est chargé de narrer les péripéties du jeune Jack. Vernissant de lumière ce canevas aussi puissant qu'anachronique, sa voix fait des merveilles tout du long d'un menu qu'encadrent deux sentinelles testostéronées de plus de six minutes au compteur. 'A Simple Boy' lance l'écoute sur des chapeaux de roues, nous rappelant nos années d'ados (pour les plus vieux d'entre nous), avec en sus cette force cataclysmique qui ancre totalement le projet dans la modernité. Ouamer a tout compris, n'hésitant pas à durcir les traits, creusant un trou noir qui phagocyte la clarté naïve des eighties.

A l'autre bout, 'The Enemy Within' se dresse, dévidant une disco hypnotique et néanmoins féroce. Entre ces deux morceaux de bravoure se glissent trois pistes tonitruantes. 'Reptilian Brain' palpite d'un pouls digne d'une mécanique lancée à vive allure ; plus chaloupé, 'The Mirror' se veut plus dansant tandis que 'Maniaktivity' hybride voix informatisées, chant tour à tour limpide ou menaçant. Carburant toujours aux pellicules des années 80, l'ensemble dégorge d'une ardeur aussi endiablée qu'entêtante, symbolisant la lutte de notre jeune héros aux prises avec ses démons et de sournoises bestioles.

Embarquant des lignes vocales dans la grande tradition des eighties, "Maniaktivity" affirme la domination de Jack Maniak sur la planète synthwave, redoublant d'une inspiration rugissante. Il installe par ailleurs sur la durée un univers et un récit dont on suivra les prochains épisodes avec un intérêt joyeux. (27.04.2020 | MW) ⍖⍖⍖






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