25 avril 2018

KröniK | Jack Maniak - Code 403 (2017)


On se doutait que le succès de Carpenter Brut (entre autres) donnerait des idées à certains et qu'il ne faudrait donc pas attendre très longtemps avant de voir des bataillons de musiciens s'emparer de ce concept (faussement) rétro qui vient rajeunir la synthwave à grands coups de guitares vrombissantes, le tout enrobé d'une production furieusement moderne. Parmi ceux-ci, un nom se détache, celui de Jack Maniak, référence évidente au fameux 'Maniac', tube écrit en 1983 par Michael Sembello, immortalisé par le film "Flashdance" d´Adrian Lyne avant d'être repris (entre autres) par Carpenter Brut dans une version atomique !
Deux (bonnes) raisons – au moins - expliquent pourquoi ce nouveau projet attire plus particulièrement notre attention. Premièrement parce que ses manettes sont entre les mains de Jean-Philippe Ouamer, plus connu sous le sobriquet de Arsenic au sein d'un Omrade qui compte parmi les formations les plus excitantes du metal français (ou pas) contemporain. Maître ès-programmation, l'homme y est seul à la barre. Sa présence suffit à assurer la haute valeur ajoutée de l'entreprise. Ce qui nous amène à la seconde raison : Jack Maniak est tout simplement ce qui se fait de mieux dans le genre et "Code 403", son acte de naissance, un véritable orgasme sonore au moins digne des galettes enfantées par son compatriote. Bien sûr, on entend déjà les esprits grincheux, les jamais-contents, qui ne manqueront pas de souligner qu'il n'y a là rien qui n'ait déjà été fait auparavant, le bonhomme se contentant, de prime abord, de recycler sous la forme d'un brouet métallique une musique datée sinon anachronique, fallacieux procès d'intention que Carpenter Brut doit également essuyer de la part de ses (rares) détracteurs. Mais, outre le fait que c'est justement, à l'instar de son aîné, en passant à la moulinette surpuissante la synthwave des années 80 que Jack Maniak prend toute sa force, il faut quand même être sourd ou d'une terrible mauvaise foi pour ne pas prendre son pied en écoutant cette partition énergisante. Aussi hypnotique qu'addictif, "Code 403" fait partie de ces rondelles qui vous filent la gaule des grands jours. Puissant et décomplexé, il fonce  en avalant les minutes et le bitume à la manière d'un jeu vidéo grandeur nature. Synthétiseurs rugissants gonflés au Viagra par boîte de douze, guitares acérées et rythmiques à la fois accrocheuses et obsédantes s'accouplent férocement. De leurs ébats se répand un flot de notes sombrement mélodiques qui emporte tout sur son passage ('No Fate'). Nourris aux films des années 80 et à leurs bandes originales ('Final Departure'), Jack Maniak nous conte le combat d'un adolescent face à une invasion d'extraterrestres belliqueux dont il incarne le dernier rempart. Les dix titres aux allures de missiles sol-air qui jalonnent ce menu aussi implacable que gourmand forment les épisodes successifs de cet affrontement titanesque. Des tournoyants 'Stripe Is Back' à 'Space Invaders', les éléments se déchaînent au sein de ces pistes qui toutes palpitent d'une énergie cataclysmique, conjuguant l'emphase synthétique de la musique des eigthies et la vitalité nocturne du metal moderne. L'espoir le dispute à la noirceur jusqu'à ce 'Glory' triomphant. Nous conseillons vivement à ceux qui croient encore que la synthwave sent la naphtaline, de poser ne serait-ce qu'une oreille sur "Code 403" dont la puissance orgasmique arrache le papier peint des murs secoués par les coups de boutoir de cette partition tonique et exaltée. Avec ce galop d'essai, Jack Maniak frappe un (très) grand coup en espérant qu'il n'en reste pas là ! 4/5 (21/12/2017)


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