Artiste aux multiples facettes, poéte, écrivain et chanteur, F.J. Ossang ne pouvait ignorer le cinéma qu'il a étudié à l'IDHEC au début des années 80. Cinq ans avant Le trésor des îles Chiennes qui le fit remarqué par la critique, il réalisa l'indescriptible Affaire des divisions Morituri, sorte de film d'anticipation néanmoins ancré dans un réel sordide, inspiré de la mouvance punk et industrielle. Son sujet (?) entre épopée polico-policière et combat de gladiateurs modernes sur fond de menaces terroristes, résume mal une pellicule biberonnée au speed. Ossang utilise le langage cinématographique comme il mâche les mots à la William Burroughs. Son travail reste hermétique et halluciné, galopant sur les terres ravagés du Alphaville de Godard passé à la moulinette punk. C'est un film sous tension constante, qui sent le bitume et gravite au bord du chaos, portrait sous la forme de séquences éclatées à l'esthétique abstraite, d'une jeunesse de l'ombre révoltée. On peut rejeter ce brouillon compulsif comme il est permis d'être fasciné par sa poésie anarchique. Par sa froideur, L'affaire des divisions Morituri se rapproche davantage du cinéma belge ou suisse que de la production hexagonale... (vu le 11.05.2020) ⍖⍖
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