20 mai 2020

Semblant | Obscura (2020)




Spécialiste du hard mélodique et des montages associant de vieilles gloires, Frontiers Records est en train de faire une OPA sur le metal à chanteuse de seconde division. Après Seven Spires dont elle vient de publier "Emerald Seas", l'écurie italienne a jeté son dévolu sur Semblant. A-t-elle eu le nez creux ? Premier album édité par le label napolitain donc, "Obscura" ne marque pour autant pas l'acte de naissance des Brésiliens, actifs depuis une quinzaine d'années. Deux rondelles et des changements de line-up à répétition plus tard, le groupe est aujourd'hui bien décidé à confirmer les bonnes impressions laissées par "Lunar Manifesto" (2014). Si le titre de son troisième effort ainsi que la formule exploitée, qui emboîte chant féminin angélique et voix masculine qui fait peur, ne témoigne pas d'une grande originalité, le groupe renferme pourtant dans son bustier des qualités certaines. La première d'entre elles et pas la moindre réside dans la performance de Mizuho Lin, jeune femme qui associe à une plastique sémillante une belle prestance vocale non dépourvue de profondeur et d'émotions comme l'attestent 'Daydream Tragedy', envolée d'une grande force dramatique ou bien encore ce 'Porcelain' que gorge un romantisme ténébreux. Une écriture appliquée complète ce vecteur de charme et de puissance dans un registre pourtant fortement encombré et que domine Epica auquel le collectif paie un tribut qu'il ne cherche d'ailleurs pas à contester. La manière dont il poursuit la narration de la suite 'The Hunter, The Hunger (Legacy Of Blood)" à travers ses trois albums illustre en outre une évidente ambition.  Mais chez lui, la dimension symphonique se pare également de lointains oripeaux quasi-black metal.



Et c'est peut-être dans ce domaine que le bât blesse. Non pas que leurs compos pâtissent dans ce registre de l'emphase nécessaire ('Wallachia') mais les vociférations de Sergio Mazul demeurent par trop agaçantes sinon franchement horripilantes pour emporter l'adhésion. L'homme, à lui seul, ruine des chansons au substrat pourtant robuste telles que 'Murder Of Crows' ou 'Wasteland'. Dommage car un morceau de l'acabit de 'Left Behind' n'est pas loin de passer pour un bijou de metal sympho dont les lignes racées sont soulignées par de lourds traits. Certes, privé de cette dualité vocale, Semblant ne serait pas ce qu'il est, force est néanmoins de reconnaître que la voix de Mizuho Lin se suffirait à elle-même et que la musique du groupe gagnerait sans aucun doute à bâillonner son chanteur sans pour autant perdre en sombre grandiloquence.  En l'état, "Obscura" n'en reste pas moins une offrande solidement charpentée à laquelle les amateurs de chant féminin que n'effraient pas un mascara appuyé et donc encore moins les growls feront un accueil enthousiaste. Forts de l'appui de Frontiers Records, les Brésiliens possèdent ainsi (presque) toutes les cartes en mains pour s'imposer comme une valeur sûre d'un metal gothique et orchestral. (14.03.2020 | Music Waves) ⍖⍖


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