Pour sa première incartade derrière la caméra, c'est très naturellement que Igor a choisi d'adapter sa propre bande dessinée, publiée en 2002. Son métier de dessinateur lui dicte une oeuvre graphiquement très élaborée où chaque plan est conçu comme un tableau. Le travail sur la lumière, l'éclairage, impressionne. Il y a toujours quelque part, une lampe, un néon, une fenêtre, qui éclaire la scène qui se déroule sous nos yeux. Il en résulte un film très stylisé, d'un maniérisme presque exagéré dont on a l'impression qu'il est avant tout fait pour Igort lui-même qui se délecte à chiader chaque séquence, s'amuse à faire référence aux fumetti (Diabolik, Kriminal...) et à ses maîtres, Sergio Leone en tête.
Mais, ivre de cette beauté formelle incontestable, l'Italien peine par conséquent à nous faire pénétrer dans son univers au pied duquel on reste finalement et ce, d'autant plus que le fond, lui, ne se montre guère à la hauteur, troué par des passages à vide et déroulant un classique récit de règlements de compte mafieux durant les années de plomb. Heureusement, Toni Servillo est là, endossant avec son visage triste, le rôle de cette gâchette obligée de reprendre les armes pour venger son fils, et accessoirement, sauver sa peau. Un film plastiquement superbe mais vide d'une quelconque émotion qui témoigne cependant que c'est en revisitant le polar que le cinéma italien survit encore le mieux... (vu le 26.04.2020)
De Igort avec Toni Servillo, Valeria Golino...
De Igort avec Toni Servillo, Valeria Golino...
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