22 mars 2019

KröniK | Pulverized - Monuments Of Misanthropy (2018)


L'addition Death metal d'Amérique Latine + Krucyator Productions ne peut être égale qu'à un carnage brutal et visqueux. Dont acte. Pulverized, puisque c'est de lui dont il s'agit et qu'il ne faut pas confondre avec ses homologues, mexicain, anglais ou Philippin, vient quant à lui du Chili. Grouillant dans un amas de viscères putrides, Monuments Of Misanthropy est sa carte de visite. Certains se souviendront peut-être que nos cinq garçons-bouchers ont éjaculé, entre 2010 et 2014, deux démos dont la seconde Decadencia Esperitual peut être téléchargée sur leur page Bandcamp. Alors qu'ils sont réunis depuis une bonne douzaine d'années, les choses sérieuses commencent enfin pour ces Chiliens qui auront mis à profit cette longue période pour bâtir ce premier véritable méfait caverneux à souhait.

Plongeant sa hampe bestiale dans les abîmes fétides d'un marécage blasphématoire et macabre, Pulverized s'exprime d'une manière orthodoxe, renouant avec le verbe grumeleux des années 90, celui des Suffocation, Autopsy et autre Morbid Angel. Guitares accordées plus bas que terre et chant de bêtes en rut nous convient à un coït cryptique aux allures de gorges profondes. Le recours, parfois, à l'espagnol ajoute encore au caractère troglodytique d'une offrande taillée au scalpel dans la peau en décomposition d'un mort-vivant. Après une entame relativement rapide (Devocion), Monuments Of Misanthropy s'enfonce peu à peu dans des méandres fangeux au fond desquels bouillonne un magma aux couleurs du sang. Le tempo s'enlise, les perforations se multiplient (Consumed By Ignorance) et les titres étirent leurs noueux tentacules qui pénètrent la terre jusque dans ses entrailles. Si les éruptions de guitares percent d'un rai de lumière cette grotte ténébreuse (In The Depths Of Insanity), c'est une nuit lépreuse qui l'envahit de ses lambeaux noirs et morbides. Chaque morceau forme une marche vers les abysses qu'incarnent les huit minutes du terminal Profecia-Flagelo-Extincion dont la langue maladive lèche les remparts de l'édifice infernal qui se niche dans le creux de ses muqueuses obscures. Epais, Monuments Of Misanthropy gronde d'une intensité souterraine, ouvrant dans le sol un vortex vertigineux qui avale la bile ensanglantée d'une myriade de plaies volcaniques. Macabre et technique, reptilien et primaire, Pulverized accouche d'un premier album fourmillant d'une sève terreuse au goût de death sombre et pestilentiel. (23/10/2018) ⍖⍖


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