18 décembre 2018

Wormlight | Wrath Of The Wilds (2018)


Force est de reconnaître la belle tenue de ce « Wrath of The Wilds » prometteur à défaut d'être indispensable. 

Si le black metal suédois des années 90, alors incarné par les Marduk, Dark Funeral, Necrophobic et autre Dissection brûlait d'une noirceur ténébreuse, faisant croire que ses hosties avaient été forgées dans les arcanes de l'enfer elles-mêmes, il y a malheureusement chez certains de ses héritiers une propension fâcheuse à diluer cette malveillance sinistre dans un sirop (trop) mélodique, ce dont témoigne Wormlight, formation modeste mais besogneuse qui, après deux EP (An Ancient Enemy et Bloodfields), franchit l'étape du premier méfait longue durée.

On pioche certes dans ce Wrath of The Wilds une bonne part du charme obscur qui auréolait l'art noir scandinave ancestral, du chant fielleux trempé dans l'anthracite à ces lignes de guitares aux allures de scalpel fouillant la nuit, en passant par cette façon de flirter avec le death sans jamais vraiment tomber dedans (The Ghostlight's Dance). Pourtant, quand bien même les Suédois martèlent durant presque une heure un black millimétré qui, du reste, n'est pas sans qualité (nous y reviendrons), on pourra chercher longtemps une quelconque trace de négativité au fond de l'intimité de cette offrande trop lisse. Privées de cette aura nocturne qui drapait leurs devancières impies dont elles se réclament, ces compositions peinent à appuyer sur l'interrupteur et à répandre le suaire crépusculaire et inquiétant escompté. Vidé de son essence diabolique, le matériau que façonne Wormlight paraît vierge de folie et de magie (noire). Cela ne suffit toutefois pas à faire de « Wrath Of The Wilds » un disque honteux mais seulement un méfait dont l'absence d'imagination est cependant sauvée par la précision chirurgicale avec laquelle il tranche les veines pour faire jaillir de froides et venimeuses humeurs. Jalonné de neuf saillies aussi imparables les unes que les autres, ni l'ennui ni aucune vraie maladresse ne viennent ainsi souiller ce galop d'essai dont on se surprend très vite à goûter le suc gentiment evil. Guitares obsédantes qui percent le voile nocturne et surtout la voix de Tiamat Invictuz, exhalant les ténèbres, irriguent des compositions qui ne s'interdisent pas quelques savoureuses accélérations quand bien même notre préférence tend vers les passages les plus lents et sombrement atmosphériques à l'image d'un 'Vittramark' que cisaillent des arpèges osseux. S'il n'échappe pas à un air de déjà-entendu tenace, tant dans le fond que dans la forme, et encore moins à une empreinte mélodique trop guillerette pour faire véritablement peur et susciter de lugubres frissons, cet opus honore son cahier des charges et des titres tels que 'On Tattered Wings', 'Reptilian King' ou bien encore ce 'Nightmare' qui galope durant plus de huit minutes à travers une terre plongée dans les limbes en alternant morsures agressives et tissus ombreux, témoignent autant chez Wormlight d'une insolente maîtrise du genre que d'une ambition qui les placent au-dessus du tout-venant. Epilogue massive aux allures de forteresse cyclopéenne, 'Feast Of The Mountain King' illustre parfaitement cette aspiration à gonfler ce black metal d'une majesté enveloppante. Si on préfère l'art noir suédois lorsqu'il est honoré par les malsains Craft, Watain ou Funeral Mist, force est de reconnaître la belle tenue de ce « Wrath of The Wilds » prometteur à défaut d'être indispensable. (06/07/2018)


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