13 décembre 2018

Alms | Act One (2018)


Entre hard rock et doom, Alms délivre un album impeccable de bout en bout où une écriture affûtée se conjugue à un sens des ambiances moelleuses.

On peut toujours faire confiance aux têtes chercheuses du label Shadow Kingdom pour dénicher des groupes garantis 100% old school, des combos authentiques et généreux restés bloqués dans les années 70 ou 80, c'est selon, sourds à toute velléité d'innovation mais toutefois attentifs aux modes. Hier ringard, le son rétro a le vent en poupe. De fait, on ne dénombre plus les formations qui semblent oublier que depuis Purple ou Maiden, de nombreuses choses ont coulé sous les ponts.

Au milieu de toutes les sorties estampillées vintage, il n'est pas toujours aisé de trier le bon grain de l'ivraie. Il ne fait cependant aucun doute que ce "Act One", galop d'essai (comme son titre l'indique) de Alms, compte parmi les rondelles indispensables du genre. Sur quelle terre chassent d'ailleurs ces Américains de Baltimore dont certains d'entre eux, le guitariste Danny McDonald et le cogneur Derrick Hans (Oak), évoluent loin de leur aire de jeu black doom habituelle ? Le rétroviseur braqué vers les seventies, celles de Wishbone Ash ou de Uriah Heep, le quintet forge un hard rock antédiluvien que l'orgue Hammond aussi gourmand que brumeux à la Ken Hensley ('Hollowed') nimbe d'un voile progressif. Les traits parfois plus appuyés trahissent moins le pedigree extrême (ou presque) de ses auteurs que des racines doom qui affleurent à la surface, rapprochant Alms d'un Pagan Altar avec lequel il partage cette même flamboyance chamarrée ('For Shame'). Fidèle aux standards de jadis, le groupe n'a surtout pas oublié que la durée idéale d'un disque est celle imposée par le vinyle. Offrande à l'ancienne autant dans le fond que dans la forme, "Act One"  propose un menu ramassé à l'intérieur duquel se serrent six pistes, ce qui ne les empêche pas de voisiner avec les six ou sept minutes au compteur. Ces dernières privilégient les mid tempos à l'image du magnifique 'Dead Water', porte d'entrée épique qui résume parfaitement la signature des Américains, faite de claviers gonflés d'émotions qui tapissent cette pièce où résonne en une curieuse alliance androgyne la voix du guitariste Bob Sweeney que double un chant féminin. Plus véloce par moment ('The Toll', 'Deuces Low'), ce galop d'essai bat surtout au rythme tranquille d'un heavy rock gorgé de guitares rougeoyantes que couvre l'ombre du Scorpions originel ('The Offering'). S'il n'innove bien sûr en rien, ce qui n'est de toute façon pas son propos, Alms n'en délivre pas moins un album impeccable de bout en bout où une écriture affûtée se conjugue à un sens des ambiances moelleuses. (27/06/2018)


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