26 novembre 2018

KröniK | Monster Magnet - Dopes To Infinity (1995)


Œuvre de musiciens perpétuellement shootés, Dopes To Infinity résume à lui seul ce qu’est le bon stoner : riffs pachydermiques, ambiances cosmiques et psychédéliques, fumette, champignons, bimbos, passages instrumentaux qui s’envolent très haut vers un ailleurs inconnu.

Un disque habillé d’une pochette mettant en valeur une nana en tenue d’Eve avec des nichons insolents ne peut pas être totalement mauvais, surtout s’il s’agit de Monster Magnet. Ce visuel appétissant apte à satisfaire les sens libidineux des auditeurs mâles, associé à un titre qui résume au mieux le contenu sulfureux et hallucinogène de la chose, est la porte d’entrée idéale d’un album promis à devenir un des mètre-étalon de la scène Stoner.

S’éloignant encore un peu plus du space rock acide qui faisait passer Hawkwind pour Supertramp alors en vigueur durant ses premiers pas (hormis peut-être sur le terminal « Vertigo », qu’achève un ghost-track dément), le groupe livre donc un monstrueux pavé de hard rock seventies velu et psychédélique. Durant plus d’une heure, Dopes To Infinity (quel titre décidément !) nous convie à un voyage cosmique aux forts relents de marijuana, dont les pilotes sont ces grattes graisseuses sentant bon l’huile de vidange, tandis qu’un orgue possédé fait office de machine à remonter le temps, vers une époque pas si lointaine durant laquelle les dieux se nommaient Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath, Hawkwind ou Grand Funk Railroad. Monster Magnet est donc parvenu à inventer la machine qui transporte dans le temps et dans l’espace ; une machine dont les divers éléments s’appellent « Dopes To Infinity », « Look To Your Orb For The Warning », «Ego, The Living Planet » et bien d’autres encore. D’ailleurs, la majorité des titres évoquent quelque trips spatiaux hallucinés (« King Of Mars », « Theme From « Masterburner » »). On sent bien à l’écoute de ces douze enclumes, que les Américains, Dave Wyndorf - son incontestable leader – en tête, sont conduits par une véritable liberté artistique, mais une liberté canalisée (contrairement à l’indescriptible bien qu’excellent, 25 Tab) au profit de vraies chansons, architecturée avec rigueur, sans pour autant perdre en folie (l’infernal « Third Alternative » et son final déchiré par les cris de damnés de Wyndorf). Œuvre de musiciens perpétuellement shootés, Dopes To Infinity résume à lui seul ce qu’est le bon stoner : riffs pachydermiques, ambiances cosmiques et psychédéliques, fumette, champignons, bimbos, passages instrumentaux qui s’envolent très haut vers un ailleurs inconnu. Voilà autant d’ingrédients essentiels à mélanger dans la marmite pour accoucher de l’hommage aux glorieuses seventies tant recherché par ces hérauts défoncés en pattes d’eph’. Bref, un des chefs-d’œuvre du genre, on vous dit, et la pierre angulaire de la carrière de Monster Magnet. (2006)


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