27 novembre 2018

KöniK | Monster Magnet - Powertrip (1998)


Le groupe, s’il a décuplé son efficacité, a perdu en route une bonne part de son charme ; on le préférait sale, sentant la coke et le sperme.

Nonobstant d’évidentes qualités sur lesquelles nous reviendrons, il est néanmoins certain que ce disque ne va pas faire que des heureux parmi ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts hallucinogènes. Les ayatollahs de la cause stoner risquent de faire la gueule, car même si la griffe Monster Magnet est toujours reconnaissable entre mille, aussi bien dans la forme (bimbos court vêtues dans des postures à faire hurler les suffragettes du MLF) que dans le fond (la voix éraillée de Dave Wyndorf et les riffs gras dont le lascar a le secret), le trip acide de 25 Tab ou le stoner sentant bon la fumette de Dopes To Infinity semblent bien loin désormais à l’écoute de ce Powertrip bien trop propre sur lui, surproduit qui plus est, pour pouvoir réellement prétendre être ce que les aficionados du combo américain auraient voulu qu’il soit, c’est-à-dire le chef-d’œuvre définitif du rock stoner.

A l’aune de ses prédécesseur, cette nouvelle galette est donc décevante. Mais si on la considère pour ce qu’elle est finalement, un pur album de hard rock US, alors là, elle tape dans le mille. Powertrip est une brochette de brûlots imparables à écouter à fond les manettes dans sa bagnole : le puissant « Crop Circle », véritable hit en puissance, le désespéré et surprenant « Baby Götterdämerung », l’entraînant « 19 Witches », l’angoissant « Goliath And The Vampires » ou la pseudo ballade « Your Lies Become You ». Wyndorf a appris à composer de vraies chansons, carrées, ramassées, mais faut-il pour autant s’en réjouir. Toutes, du reste, ne sont pas si réussies car plus banales (« 3rd Eye Landside », « Tractor», « Atomic Clock ») et l’album, trop long et inégal, aurait sans doute mérité quelques coups de ciseaux ; il aurait ainsi gagné en impact. En l’état Powertrip laisse de fait une impression mitigée. Ceux qui découvriront Monster Magnet avec celui-ci devraient adorer ; les autres, un peu moins car le groupe, s’il a décuplé son efficacité, a perdu en route une bonne part de son charme ; on le préférait sale, sentant la coke et le sperme, baignant dans une aura psychédélique et spatiale au goût d’interdit. Wyndorf et ses hommes ont certainement toujours la tête enfouie dans un sac rempli de poudre blanche, mais cela ne transparaît plus dans leur art, et c’est dommage. Un bon disque au demeurant, mais sans une once de folie et de magie. (2006)


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