8 mars 2018

KröniK | Amnutseba - Demo II (2018)


Il faut parfois peu de choses pour transformer un obscur projet en une entité culte. Des musiciens qui préfèrent rester dans l'anonymat, démarche qui ouvre la porte à tous les fantasmes, à toutes les spéculations quant à leur identité. Une première démo vomie uniquement en tape, dernier format intègre parce qu'il échappe encore - pour le moment - aux bobos qui ont réussi à vider le vinyle de sa noblesse. Et enfin, une de ces écuries aussi confidentielles que précieuses, Caligari au cas particulier, pour publier cette bonne vieille cassette des familles. Amnutseba affiche donc sur le coin de la gueule cette étiquette "culte" que sa seconde démo ne devrait pas lui retirer.
Si parler d'évolution à son encontre serait un gros mot, celle-ci n'en précise pas moins l'expression méphitique de cette bestiole crachée de bas-fonds humides et crapoteux. Macérant dans le jus sinistre d'une panse abyssale, ces deux émanations noires simplement numérotées 'III' et 'IV' matérialisent un black metal aussi morbide que labyrinthique. L'ambiance, aux relents de chairs corrompues et de caveaux viciés, est sépulcrale, rongée par une folie prolifératrice. Déglingué, le tempo ne file jamais droit, englué dans le sol meurtri d'un corridor d'asile. Le son est étouffé, comme bâillonné. Guitare grésillante et chant pollué, quasi inaudible, s'accouplent dans un fracas chaotique. De leurs ébats jaillit une semence empoisonnée qui suinte jusque dans les profondeurs de ce charnier mortifère. Torturées, ces deux pul(sa)sions sont secouées par ses spasmes oppressants, peu à peu ravagées par une gangrène glaciale et grumeleuse. Si à l'arrivée, nous ne sommes pas trop sûr d'avoir bien tout compris, une chose est claire cependant : Amnutseba est déjà détenteur d'un univers qui lui est propre, viscéral et malsain, schizophrénique et lugubre, art noir tourmenté que lacère la verge d'un death convulsif. Sale et noire comme une plage après un dégazage sauvage, cette démo ne dure certes qu'un (trop) petit quart d'heure. Il n'en faut pourtant pas davantage à son énigmatique géniteur pour ouvrir les vannes d'une décrépitude étouffante qui exsude l'interdit et des vices inavouables. 3/5 (08/03/2018)


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