28 février 2018

KröniK | Jess And The Ancient Ones - The Horse And Other Weird Tales (2017)


Après avoir frappé un grand coup avec leur première offrande éponyme, excellente impression confirmée ensuite par leur EP "Astral Sabbat", les Finnois ont quelque peu déçu avec "Second Psychedelic Coming : The Aquarius Tapes", ne retrouvant pas le charme du péché originel. De fait, malgré un univers chaleureux et un charme à peine entamés par cette relative déception, l'étape du troisième album s'annonçait par conséquent décisive pour Jess And The Ancient Ones. La belle et ses compagnons étaient-ils encore capables de nous surprendre comme ils avaient su si bien le faire il y a déjà cinq ans ?
"The Horse And Other Weird Tales" en apporte la réponse et soulève une autre question. N'avons-nous pas été égarés d'entrée de jeu en rattachant le groupe à la sainte chapelle doom, trompés par la présence d'une prêtresse derrière le micro et de tenaces relents d'occultisme ? Si le combo a toujours affirmé son allégeance à un dark occult rock antédiluvien, la pâte qui jusque-là lui servait à pétrir son art était suffisamment épaisse pour justifier cette étiquette. Or, à l'écoute de ce nouvel opus, il n'en reste rien. Sans se départir de leur style inimitable, nourri à un ésotérisme chamarré loin des messes noires habituelles, les Finlandais larguent cette fois-ci franchement les amarres pour accoster des terres plus psychédéliques encore, plus progressives probablement, plus anachroniques sans aucun doute. Les longues explorations ont été remisées aux oubliettes, à leur place ce sont des titres au format ramassé (à l'exception de 'Anyway The Minds Flow' et de 'You And Eyes') qui se serrent au sein d'un menu à l'ancienne qui ne dépasse que de peu la demi-heure de musique. Vintage, "The Horse And Other Weird Tales", l'est assurément, autant dans la forme qu'alimente une prise de son organique, que dans le fond imaginé comme un voyage bariolé dans les années 60. Jamais les claviers n'ont autant rempli l'espace de leurs sonorités chaudes et galopantes, évoquant des bulles emportées par le vent ('Death Is The Doors'). Jamais autant la chanteuse n'a semblé se confondre avec une reine blanche aux racines soul ('Your Exploding Heads'), évoluant à des années-lumière de toutes ces vestales d'un culte obscur, ce qui ne l'empêche ni d'appuyer sa voix ni de s'enfoncer dans une nuit sombre. L'album est un peu à son image, sarabande tour à tour jazzy et enjouée, remuante ('Shining'), psyché ('Minotaure') mais toujours teintée d'une étrangeté aux portes du fantastique. Derrière leur apparente immédiateté qui les rendent accrocheuses ('Return To Hallucinate'), ces pistes abritent des trésors nichés dans la touffeur de leur intimité. Il suffit ainsi de déflorer ce '(Here Comes) The Rainbow Mouth' pour prendre la mesure d'une écriture chatoyante et percussive où s'accouplent les différents éléments de cet orchestre venu d'ailleurs. Il en résulte un arc-en-ciel incandescent qui n'appartient définitivement qu'à ses auteurs qui, plus que jamais, se singularisent et affirment une identité aussi visuelle que sonore intemporelle et affranchie des modes. Nostalgique peut-être mais furieusement addictif, cet album leur permet à nouveau de susciter l'excitation. 4/5 (31/10/2017)






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