24 janvier 2017

KröniK | Tiny Fingers - The Fall (2016)


Tiny Fingers est un nom qui n'évoquera sans doute rien à la majorité  d'entre vous, le groupe possède pourtant déjà à son actif cinq albums, gravés depuis 2011. Son éloignement géographique - il nous vient d'Israël - explique peut-être pourquoi son rayonnement n'a que faiblement atteint le vieux continent et la France en particulier.
A l'écoute de sa dernière offrande, nous ne pouvons que regretter de ne pas l'avoir découvert plus tôt tant son art palpite d'une sève généreuse. Mais, Tiny Fingers, qu'est-ce que c'est ? De loin, ses atours instrumentaux semblent vouloir l'arrimer de facto au post-rock, genre qui peine de plus en plus à se renouveler, anesthésié qui plus est par une fâcheuse tendance à la langueur pesante. Mais de près, la réalité se révèle plus nuancée. Alors certes, les Israéliens épousent les lignes propres au style auquel il est tentant de les rattacher, de ces guitares stratosphériques à cette rythmique pulsative, vecteur d'une partition orageuse en forme de montée en puissance orgasmique. Mais en inoculant à ce substrat basique le venin hypnotique de l'electro couplée à des envolées dubstep, ils réussissent à ne jamais ennuyer et mieux, à atteindre les rivages de l'extase. Capté au Anova Studio en 2014 et publié l'année suivante, "The Fall" vibre ainsi d'un pouls aux confins d'une transe limpide et bourgeonnante de sonorités synthétiques, périple trippant qui nous emporte comme de puissantes vagues émotionnelles. Alternant courtes pulsations ('Eyes Of Gold', 'Traveller Soul') et respirations plus longues au souffle entêtant ('Music For The Sun'), l'opus déroule une trame torrentielle, tour à tour lumineuse et énergique ('The Fall'), teintée de discrètes couleurs psyché ('Nine Of Swords') ou bercée par un ressac percussif ('The Other') mais toujours secouée par les poussées massives d'une mélancolie souterraine. Guitares pointillistes, batterie mangeuse d'espace et effluves électroniques s'accouplent en un magma compact et pourtant aérien, enrichi par une voix féminine murmurée, voire par quelques notes de flûtes. Chaque titre est pensé comme un tableau, parsemé de détails que seules de multiples écoutes peuvent en dévoiler la richesse. Peu importe à quels courants il se rattache, Tiny Fingers n'est inféodé à aucun d'entre eux, égrenant une musique éprise de liberté et d'absolu qui entraîne l'auditeur dans les profondeurs d'un monde apaisant et néanmoins sombrement hypnotique. 4/5 (2016) | Facebook






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