26 janvier 2017

KröniK | Darkthrone - Arctic Thunder (2016)


Fort d'une carrière longue de presque trente ans déjà, Darkthrone n'a plus rien à prouver et emmerde tout le monde : les ayatollahs, qui sont restés bloqués sur les fondateurs "A Blaze In The Nothern Sky" ou "Transilvanian Hunger" et estiment que les deux frères d'armes, Fenriz et Nocturno Culto, ont tort de téter désormais les seules mamelles d'un heavy metal antédiluvien.
Et ceux qui les jugent vendus à la solde du label Peaceville qui ne manque pas chaque année de multiplier rééditions, compilations et autres miettes afin de capitaliser toujours un peu plus sur la légende du black metal norvégien... dont il ne reste en effet plus grand chose. Est-ce à dire pourtant que le tandem a perdu la flamme qui guidait ses premiers balbutiements dans la clarté lugubre d'une glaciale pleine lune ? Que nenni. Bien que plus avare de sa semence depuis "Circle The Wagons" en 2010, le groupe n'en continue pas moins de sculpter dans la roche froide des fjords qui l'ont vu naître un art plus intemporel qu'anachronique, loin des modes et des évolutions qui travaillent le genre en souterrain. Est-ce à dire également que Darkthrone n'évolue plus, se contentant de ruminer le même proto speed thrash au fil de ses rondelles ? Il suffit de comparer "The Underground Resistance" et "Arctic Thunder" qui nous intéresse présentement, pour se rendre compte que, à leur mesure, les deux vétérans ne font pas du surplace. De fait, aux influences très Mercyful Fate / King Diamond qui alimentaient non sans réussite d'ailleurs son prédécesseur, ce dix-septième (!) album préfère les pachydermiques modelés d'un heavy, certes toujours aussi primitif mais secoué par les coups de pilon d'un doom rocailleux. Si les tempos aussi sinistres que lancinants n'ont jamais été pour leur déplaire, comme en témoignait déjà il y a vingt ans un 'Quintessence' (sur "Panzerfaust") que les premières mesures de l'inaugural 'Tundra Beach' ne sont pas sans évoquer, les Norvégiens, lents et pesants tout du long, n'enclenchent cette fois-ci presque jamais la seconde, même s'il leur arrive d'avoir le palpitant qui s'emballe soudainement à l'image d'un 'Deep Lake Tresspass' au rythme implacable et fissuré par un fugace solo étonnamment mélodique. Alors bien sûr, cela reste du pur Darkthrone. Comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement avec la voix de Nocturno Culto, nourrie au Destop et avec cette prise de son minimaliste ? Mais en serrant plus que de coutume le frein à main, témoin ce 'Throw Me Through The Marshes' que vrillent des riffs engourdis, l'indéboulonnable duo remise une bonne fois pour toute au fond d'une grange perdue dans les bois le black rétrograde parfois bâclé de mise sur "Sardonic Wrath" ou "The Cult Is Alive" par exemple, pour renouer, comme il avait su le faire avec "The Underground Resistance" mais d'une manière (un peu) différente, avec un feeling aussi nocturne que morbide. Sans renier le bon vieux heavy des familles ('Inbred Vermin', et ses influences à la Motörhead, 'The Wyoming Distance'), "Arctic Thunder" s'enlise dans une terre enneigée que plonge dans une obscurité forestière une nuit éternelle. Cette galette trapue et velue démontre que la légende est intacte, confirmant que ses géniteurs ont raison de (doublement) lever le pied, plus lourds dans leur écriture et plus rares dans leur fertilité. 3.5/5 (2016) | Facebook






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