Alors
qu'Edgar Froese vient de nous quitter à l'âge de 70 ans, quoi de mieux pour
rendre hommage à ce pionnier de la musique électronique que de se pencher sur
un de ses plus fameux disques en solitaire. Car ne l'oublions pas, l'homme a su
mener parallèlement à l'aventure Tangerine Dream, une carrière solo loin d'être
négligeable, bien que surtout concentrée entre 1974 et 1979, le reste étant
réparti entre albums ("Pinnacles"), Soundtrack ("Kamikaze
1989") et compilations diverses. On notera au passage que c'est durant la
période la plus riche de son principal port d'attache que l'Allemand se montera
aussi le plus actif en dehors du giron maternel, preuve en est de l'inspiration
foisonnante qui l'habite alors. "Stuntman", puisque c'est de lui dont
il s'agit, est le cinquième opus d'Edgar Froese seul, succédant au mémorable
"Ages" et gravé entre "Cyclone" et "Force
Majeure" de Tangerine Dream. Le menu s'arc-boute autour de six pistes qui
voient leur auteur utiliser toute une palette de synthétiseurs et de sons
analogiques et numériques. En résulte un disque aux froides ambiances quoique
mélodiques et plutôt accessibles, à des années-lumière donc de
"Aqua", son galop d'essai en solitaire, sans même parler des premières
créations lugubres de TD, telles que "Zeit" et "Atem". De
fait, "Stuntman" s'inscrit pleinement dans une évolution entamée à
parti de "Ricochet" et "Stratosfear", sans pour autant être
dénué d'une identité qui lui est propre, hypnotique, presque élégiaque. Passée
une courte amorce éponyme légère que parasitent néanmoins des motifs
répétitifs, l'album gagne en valeur ajoutée à partir de son second titre, 'It
Would Be Like Samoa' qui voit le maître des lieux tricoter pendant plus de dix
minutes, un maillage entêtant qui bourgeonnent d'effluves électroniques. Plus
lent et immobile, 'Detroit Snakebar Dreamer' a quelque chose d'une déambulation
rêveuse aux confins d'un fantastique contemplatif, tandis que l'autre point G
de l'écoute, le lancinant 'Drunken Mozart In The Desert' égrène des atmosphères
vaporeuses et quasi spectrales, distillant une espèce de climat surnaturel.
Presque un mirage insaisissable durant lequel "Stuntman" atteint une
forme de beauté épurée. Pureté est sans doute le terme qui sied le mieux à
cette oeuvre d'une belle finesse de traits et de touches, laquelle a plutôt
bien supporté les affres du temps, ayant au final assez peu vieillie, en dépit
d'un son que d'aucuns jugeront certainement démodé alors qu'il lui confère au
contraire un charme froid et pourtant étonnamment chaleureux. Vous l'aurez donc
compris, "Stuntman" mérite amplement sa réputation et sa place sur le
trône des meilleures offrandes d'Edgar Froese, tous projets confondus. 4/5 (2015)
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