Il
ne faut pas longtemps pour identifier, dans ce projet, l'empreinte de Peter
Bjärgö. Les sombres et enveloppantes
percussions rythmant 'When The Innocent Dies' que plonge dans un clair-obscur
sa voix profonde reconnaissable entre mille, suffisent d'emblée pour mettre un
nom derrière celui de cette nouvelle entité. Ecrit à
quatre mains, "Proslambanomenos" se présente néanmoins comme le fruit d'une
alliance entre le Suédois et Nicolas Van Meirhaeghe dont les expérimentations
avec Empusae et Sal-Ocin sont référentielles. Etalée sur plusieurs années, la
composition est dans un premier temps l'œuvre du cerveau de Sophia (entre autres) que son comparse a ensuite retravaillé pour
en faire une synthèse de leur univers sonore respectif. Il n'en demeure
pourtant pas moins que la forte présence de Bjärgö l'emporte sur celle de
l'Allemand. Le fait que Ida Bengtsson, l'ancienne chanteuse d'Arcana, vienne draper d'un
voile éthéré le titre 'Into Higher Self', souligne l'emprise du Scandinave
par ailleurs auteur de tous les textes. Pour autant, s'il semble s'effacer
derrière son collaborateur, Van Meirhaeghe livre un travail qui, loin d'être
anecdotique, se faufile de manière pointilliste dans les replis mystérieux d'une
partition puissamment roborative, grâce à des arrangements timides mais
essentiels. En effet, si 'The Dreams Die Young', pareil à une brume qui s'élève
peu à peu, porte l'incontestable marque de Peter, 'My Black Wave', parasité par
de discrets kystes bruitistes, se veut quant lui la fusion entre ces deux âmes
visionnaires. De même, les vapeurs noires et électroniques de 'Life's Burden'
ou les pulsions lointaines perforant 'Of Two Minds' doivent beaucoup de leur
noirceur tellurique au Teuton. En six
plaintes pour une durée totale de quarante minutes, cet essai, édité par
l'incontournable Cyclic Law dans un noble digipack au format A5 esquisse un art
crépusculaire errant quelque part entre ambient fantomatique et musique spectrale,
magma mélancolique qui bouillonne d'une force souterraine et martiale. Alors
que certains argueront sans doute que le Scandinave se renouvelle peu, usant
toujours de ces mêmes aplats percussifs, une telle beauté, à la fois vaporeuse
et tragique, suinte de cet album que cette (relative) impression de redite se
trouve balayée, emportée par cette sève émotionnelle qui coule dans les veines
de ces plages hypnotiques et introspectives vibrant d'un ténébreux mysticisme. Fusionnant la dimension sombrement vespérale du
Suédois et la force obscure de l'Allemand, Onus est un projet trippant qui ne
peut que séduire les admirateurs respectifs de ces deux artistes dont on espère
que leur union n'en restera pas là... 4/5 (2016)
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