Le
respectable Shadow Kingdom est un label qui aime le métal, le vrai, celui qui a
les couilles coincées dans la braguette, qui sent la sueur et la bière, garanti
100 % roots de chez roots et sans OGM dedans. Rien d'étonnant alors que
l'écurie américaine est jeté son dévolu sur Lucifer's Hammer, jeune pousse
selon son cœur, venue du Chili dont les guitares (entre autres) sont restées
bloquées dans les années 80. A l'écouter, il est permis de croire que le groupe
ignore que des disques ont été enregistrés depuis les premiers Maiden. Et oui,
les mecs en sont là. Ca galope dans tous les sens, les gratteux se répondent
comme à la grande époque de la paire Murray / Smith et le chanteur possède
cette voix haut perchée très connotée NWOBHM. Le mimétisme est confondant, il
suffit de poser une seule oreille sur le titre qui a donné son nom au combo,
par exemple, pour mesurer le degré de ressemblance qui existe entre ces
Chiliens et leur principal modèle. Bien sûr, on peut légitimement se demander
quel est l'intérêt pour des musiciens, en 2016, d'aller braconner sur des
terres aussi érodées par le temps, à part celui de se faire plaisir et de
rendre un hommage appuyé à ceux qui les influencent. Lucifer's Hammer ne serait
pas le premier à bâtir une carrière à partir de ce simple postulat, à condition
que la qualité soit au rendez-vous. Ce qui est justement le cas avec ce
"Beyond The Omens", rondelle séminale, précédée d'une démo il y a
trois ans et dont la recette éprouvée, loin de le paralyser lui donne des ailes
et une énergie communicative. Gainé d'une pochette à l'ancienne aux atours
gothiques, cet album déboule avec un menu irrésistible qui ferre l'amateur dès
ce 'The Hammer Of The Gods', emporté par des mélodies mordantes. Oscillant en
moyenne entre trois et six minutes au garrot, le reste est fait du même bois
nerveux que creusent ces sillons entêtants qui accrochent la mémoire. Usine à
hymnes, Lucifer's Hammer compense une originalité en berne - ce n'est de toute
façon pas son propos - par une écriture gorgée de saillies mémorables, qualité
dont témoignent un 'Warriors' galvanisant ou l'éponyme 'Beyond The Omens'. Si
le tempo s'emballe par moment ('Black Mystères'), la majorité de ces huit
titres est irriguée par de lentes mailles , véhicules de sombres ambiances, à
l'image du pesant 'Shinning Blade'. Anachronique pour certains, éternel pour
d'autre, ce premier album respecte son cahier des charges, moulinant un heavy métal
des familles d'une incontestable efficacité et dont le son, authentique sans
pour autant bander mou, n'en altère pas la force de frappe. 3/5 (2016)
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