18 juin 2016

Krönik | Rapture - Futile (1999)


Bien qu'il ait désormais disparu depuis une dizaine d'années dans la brume, après n'avoir enfanté - à ce jour - que trois albums, Rapture n'en reste pas moins une figure importante dans l'histoire du Death Doom du pays des mille lacs, dont il a contribué à façonner les traits d'une glaciale et fantomatique beauté. Ayant vu défilé dans ses rangs à peu près toute la scène extrême finlandaise, de Finntroll à Impaled Nazarane, d'October Falls à Bararhrum sans oublier Shape Of Despair, entre beaucoup d'autres, il est permis d'affirmer que le groupe a fait plus que préparé le terrain à Swallow The Sun dont le séminal "The Morning Never Came" a été enfanté quatre ans après le matriciel "Futile", première offrande du sextet qui en 1999 va jeter les bases de ce Death mélodique englué dans le permafrost. Alors certes, il n'invente lui-même rien, creusant en réalité le sillon entamé par Katatonia avec son tutélaire "Brave Murder Day", publié trois ans plus tôt mais la sensibilité finlandaise n'ayant rien à voir avec celles des Suédois, Rapture apporte au genre une touche très particulière, ce feeling frissonnant plus élégiaque que sinistre quoique tout aussi entêtant. Vigies perçant le brouillard, les guitares possèdent ce même caractère obsédant que chez Katatonia mais elles vibrent d'un éclat mélancolique et majestueux qui n'appartiennent en définitive qu'à elles. Il suffit ainsi d'écouter un titre tel que 'This Is Where I Am', pourtant du lot celui le plus marqué du sceau des Suédois, pour mesurer la différence qui existe entre les deux formations dans leur expression d'un désespoir lugubre chez l'un, plus évanescent sinon mélodique ('While The World Sleeps') chez l'autre. Enténébré par la voix d'outre-tombe de Petri Eskelinen, "Futile" déroule un menu imparable que ne grève aucun temps mort. Lancé par une très belle intro toute en progression, l'opus prend son envol avec 'To Forget', dont les lignes ensorcelantes et les superbes accélérations creusent dans la mémoire d'ineffaçables stigmates. Si les plaintes suivantes maintiennent tout du long une même inspiration, l'une d'entre elles se distingue toutefois, ce 'Someone I (Don't) Know', lente élévation dont les traits se durcissent peu à peu, sorte de ballade qui brutalement change de ton, explose lors d'une dernière partie volcanique en un puissant geyser de noirceur tandis que ses ultimes mesures qui voient le tempo s'emballer, achèvent d'en faire l'apogée d'un album qui meurt le (presque) tout aussi superbe '(About) Leaving' aux modelés sombrement enchanteurs. Nonobstant les incontestables qualités de "Songs For The Withering" et "Silent Stage", Rapture ne fera jamais mieux par la suite. Le fait que l'âme de Shape Of Despair, Jarno Salomaa, n'ait participé qu'au seul "Futile" n'est peut-être pas étranger à une réussite que ses successeurs ne parviendront donc pas à égaler... 4/5 (2016)


                                   

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