5 mai 2016

Attalla | S/T (2014)


Il n'est jamais trop tard pour découvrir un bon groupe et un disque qui l'est tout autant de surcroît. Le vénérable Shadow Kingdom a donc été inspiré (somme souvent) de rééditer en CD et surtout en cassette ce galop d'essai éponyme, originellement publié sous le seul format vinyle en 2014 par Attalla, qu'il ne faut pas confondre avec son compatriote Atala qui plus est lui aussi chantre farouche du riff velu. Le nom du label, toujours attaché à une forme de metal très roots et authentique, suffit déjà à poser un décor heavy et traditionnel qui ne s'encombrent d'aucune afféterie. Le visuel aux relents d'occultisme de série B, achève de nous rassurer quant à la teneur (forcément) rugueuse de la chose. C'est donc du doom et du robuste, qui vient répandre sa semence épaisse dans nos cages à miel. Chant enfumé, guitares aux allures de foreuses pachydermiques et rythmique sentencieuse ancrent la musique de ces Yankees dans un socle old school, celui du début des années 70 et des premiers Sabbath. Bref, Attalla n'oublie jamais que le doom n'est ni plus ni moins que la mutation tellurique d'un hard rock qui balbutie encore, gravant de fait un matériau d'une grande pureté de traits, que ne corrompt à aucun moment l'inoculation de kystes extérieurs. Le son dépouillé et garanti sans OGM, sent bon la première prise comme si le groupe cherchait à capter une espèce d'énergie souterraine. Néanmoins, Attalla ne confond jamais lourdeur et monolithisme car ses saillies, basées sur une architecture trapue, sont nerveuses, dynamiques ('Doom'), ne s'égarant pas dans d'interminables méandres ('Lust'). L'opus ouvre les lèvres de sa sombre intimité avec 'Light', titre le plus court du lot secoué par les vibrations de guitares mazoutées. Ce qui suit est fait du même bois plombé. Après une longue entame ultra heavy de bonne augure qui semble ne jamais vouloir s'achever, 'Haze', quant à lui, n'accueille finalement des vocalises que durant ses dernières mesures, ce qui le rend étonnant et témoigne du caractère instrumental d'un art que ses auteurs tricotent en de pesants instants pétrifiés ('Veil' et ses roulements de toms granitiques), ce que confirme un 'Thorn' qui honore le sacro saint riff sabbathien comme échappé des entrailles de la terre. Trop court et sans doute pas indispensable, ce premier album n'en constitue pas moins une excitante découverte dont on sent qu'elle ne fait qu à peine déflorer un potentiel plus grand encore. 3/5 (2016)


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