Des dinosaures, partout. Dans le nom du groupe,
dans celui de son premier signe de vie et même sur le visage de son chanteur
baptisé Raptor V (ça ne s'invente pas), affublé d'un masque représentant une de
ces grosses bêtes. Cette bien étrange fixette développée par Raptor King peut
prêter à sourire mais au moins est-elle déjà l'assurance que le trio ne se
prend pas au sérieux, ce qui n'est
jamais une mauvaise chose. En outre, cela crée un univers,
qui nous change de l'éternel occultisme et des histoires de zombies de série Z.
Surtout, cette imagerie, évocatrice d'une lourdeur puissante conjuguée à une
agressivité féroce, a le mérite de coller exactement à un contenu dont
prétendre qu'il est pesant et heavy tient du doux euphémisme ! Entre
Sludge Doom couillu pour ces
saillies rocailleuses et Hardcore
velu pour cette énergie vicieuse,
les Français enfoncent leurs grosses pattes dans un sol rugueux et mité par d'insondables cratères.
Simple EP d'une vingtaine de minutes au garrot peut-être,
« Dinocracy » n'est pourtant pas à négliger, concentré de matière
brute et explosive dont la (trop) courte durée lui suffit néanmoins à dévoiler
un potentiel qu'on devine encore à peine défloré. Cinq titres sont serrés dans
un menu direct et sans fioritures. Trapus et nerveux, bâtis sur un maillage très dense, ils s'enchaînent à un rythme tendu,
ramonant les orifices sans la moindre pause. Ni temps morts. 'Da Fuck Where I Just Lend' ouvre l'écoute, propulsé par un chant
éraillé et versatile, parfois posé, hurlé le plus souvent et qu'on croisera
tout du long. Plus survolté encore se veut 'The Campaign (Raptor King'), miné par une rythmique digne d'un
rouleau-compresseur lancé à toute allure. Quant à 'Jugular' et 'Acolytes', ce
sont deux perforations d'une force torrentielle, qui raclent les chairs à vif
pour y laisser de purulents stigmates, en dépit de (fugaces) éclairs
mélodiques. Enfin, le bien nommé 'In Your Face' achève (déjà) le menu en nous
laissant à genoux, prêts à tendre l'autre joue, illustration parfaite du style
forgé par Raptor King, d'une
brutalité goguenarde. En cinq titres, le trio jette les bases prometteuses d'un
style à la fois trépidant et agressif, testiculeux et décomplexé. A surveiller
de prêt ! (2016)
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