6 avril 2016

Raptor King | Dinocracy (2015)


Des dinosaures, partout. Dans le nom du groupe, dans celui de son premier signe de vie et même sur le visage de son chanteur baptisé Raptor V (ça ne s'invente pas), affublé d'un masque représentant une de ces grosses bêtes. Cette bien étrange fixette développée par Raptor King peut prêter à sourire mais au moins est-elle déjà l'assurance que le trio ne se prend pas au sérieux, ce qui n'est jamais une mauvaise chose. En outre, cela crée un univers, qui nous change de l'éternel occultisme et des histoires de zombies de série Z. Surtout, cette imagerie, évocatrice d'une lourdeur puissante conjuguée à une agressivité féroce, a le mérite de coller exactement à un contenu dont prétendre qu'il est pesant et heavy tient du doux euphémisme ! Entre Sludge Doom couillu pour ces saillies rocailleuses et Hardcore velu pour cette énergie vicieuse, les Français enfoncent leurs grosses pattes dans un sol rugueux et mité par d'insondables cratères. Simple EP d'une vingtaine de minutes au garrot peut-être, « Dinocracy » n'est pourtant pas à négliger, concentré de matière brute et explosive dont la (trop) courte durée lui suffit néanmoins à dévoiler un potentiel qu'on devine encore à peine défloré. Cinq titres sont serrés dans un menu direct et sans fioritures. Trapus et nerveux, bâtis sur un maillage très dense, ils s'enchaînent à un rythme tendu, ramonant les orifices sans la moindre pause. Ni temps morts. 'Da Fuck Where I Just Lend' ouvre l'écoute, propulsé par un chant éraillé et versatile, parfois posé, hurlé le plus souvent et qu'on croisera tout du long. Plus survolté encore se veut 'The Campaign (Raptor King'), miné par une rythmique digne d'un rouleau-compresseur lancé à toute allure. Quant à 'Jugular' et 'Acolytes', ce sont deux perforations d'une force torrentielle, qui raclent les chairs à vif pour y laisser de purulents stigmates, en dépit de (fugaces) éclairs mélodiques. Enfin, le bien nommé 'In Your Face' achève (déjà) le menu en nous laissant à genoux, prêts à tendre l'autre joue, illustration parfaite du style forgé par Raptor King, d'une brutalité goguenarde. En cinq titres, le trio jette les bases prometteuses d'un style à la fois trépidant et agressif, testiculeux et décomplexé. A surveiller de prêt ! (2016)


                                     

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