8 septembre 2014

Krönik | Empyrium - The Turn Of The Tides (2014)




Si la décision prise en 2002 de mettre fin au groupe peu après avoir offert "Weiland" en a déçu beaucoup, ce sabordage a pourtant aussi contribué à renforcer encore davantage le respect voué à Schwadorf et Thomas Helm. Auteurs de quatre albums en tout point parfaits, les deux compères estimaient ne pas pouvoir leur donner de successeurs, ayant tout dit avec Empyrium devenu figure tutélaire d'un art à la fois atmosphérique et mélancolique, sombre et pastoral. Si les années qui suivirent ont vu ces deux artistes s'occuper soit séparément (The Vision Bleak pour le premier) soit ensemble (Noekk), on sentait bien que l'entité défunte pourrait revenir à la vie à plus ou moins brève échéance. Ce qui ne fut d'abord qu'un fantasme alimenté par la compilation "A Retrospective..." en 2006, devient finalement réalité quatre ans plus tard lorsque Prophecy annonce officiellement la résurrection du groupe à l'occasion de l'oeuvre collective "Whom The Moon A Nightsong Sings". Fallait-il pour autant s'enthousiasmer de ce retour ? Trop souvent en effet ce genre de come-back déçoivent, les musiciens concernés étant alors incapables de restaurer une magie envolée depuis longtemps. Artiste complet et producteur renommé, Schwadorf est trop intelligent, trop exigeant, pour tomber dans ce piège. Le temps qui a été nécessaire au duo pour enfanter ce cinquième album semblait placer celui-ci sous les meilleurs augures. Les premières contacts avec "The Turn Of The Tides" laissent néanmoins une impression mitigée. La pochette est aussi belle qu'impersonnelle et surtout les préliminaires ne suscitent guère qu'une indifférence polie. Alors qu'on se demandait quel visage Empyrium adopterait désormais, celui électrique et plus Black (tout est relatif) de "A Wintersunset" et "Songs Of Moors & Misty Fields" ou celui acoustique de "Where At Night The Wood Groose Plays" et "Weiland", c'est une nouvelle voie que les Allemands ont décidé d'explorer, plus orchestrale, plus pompeuse sans doute, moins originale aussi car visiblement (trop) inspirée par Dead Can Dance, influence que le tandem n'a d'ailleurs jamais cherché à nier. Ce nouvel album s'écoute agréablement, glisse avec délicatesse. C'est beau, les arrangements sont superbes, la voix profonde de Helm procure toujours des frissons tandis que 'Dead Winter Ways", qui marque le retour de la guitare électrique et des growls, possède un parfum du passé. Tout cela est très bien fait donc mais sans âme. Tel est le ressenti qui s'impose de prime abord, ressenti en réalité trompeur car peu à peu, par petites touches, le charme opère. Les écoutes suivantes nous emportent très haut, touchés par la beauté teintée de tristesse de ces compositions délicatement ciselées. L'épicentre émotionnel est incarné par l'enchaînement de ces trois bijoux d'écriture que sont 'In The Gutter Of This Spring', 'The Days Before The Fall' sur lequel plane effectivement l'ombre écrasante de Dead Can Dance et 'We Are Alone', respiration squelettique qu'égrène un piano déchirant. Succède à ce mémorable triptyque 'With The Current Into Grey', longue pièce tout en atmosphère limpide. Le final éponyme qui s'étire inutilement pendant 8 minutes ne suffit pas à entamer un bilan en définitive des plus positifs. Plutôt que de se répéter, Empyrium a choisi d'évoluer. Le résultat n'est pas parfait et reste de toute façon inférieur aux oeuvres passées, véritable communion avec la nature teintée de romantisme allemand mais, fort de plusieurs moments de grâce pure, il laisse espérer un avenir passionnant à suivre. (cT2014)


Atmospheric Metal | 43:29 | Prophecy Productions



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire