Il fallait bien que cela arrive un jour. De quoi ? Eh bien
que Narqath, à force de vidanger son heathen black metal à un rythme effréné
(un opus par an, sans compter tous ses projets annexes) tout seul comme un
grand – Monsieur se charge de tous les instruments et de la production, mais
oui – dans son home-studio, le Dragon Throne, finisse par montrer les limites
de son inspiration. Rota, le cinquième album de son Wyrd à lui, en est la
preuve vivante. Tout, depuis le son un peu maigrelet jusqu’aux compositions, a
un air de déjà entendu aussi fâcheux que gênant. Le Finlandais y donne
l’impression d’être en pilotage automatique, de s’être simplement contenté de
mettre en marche la photocopieuse. Même mélodies, même alternance de pistes
lancinantes (« Rota », pourvu toutefois de quelques accélérations
bien fiévreuses et plutôt inédites) et d’autres plus rapides (« Veri
Kutsuu Verta »). Ce constat saute aux oreilles à l’écoute du titre
d’entame, « Noitakansa », longue épopée lente et épique telles que
les affectionne son auteur, laquelle aurait pu sans mal se glisser sur les
disques précédents, voire pire : prendre la place d’autres morceaux du
même tonneau déjà présents ! C’est dire. Néanmoins, quand on aime le black
metal de Wyrd, Rota, sans doute un peu plus brutal, moins atmosphérique que ses
prédécesseurs toutefois, s’insinuera en vous aussi bien qu’une verge dans le
cul de Lanny Barbie car certaines de ses plages restent tout à fait
convaincantes (« Henkien Yössä » notamment) mais il s’en extraira
tout aussi facilement. Seulement, au rayon des surprises, c’est comme la
période des règles de madame : on peut ranger sa hampe turgescente et
gonflée au fond de sa poche. Sympathique donc mais cet album manque de ce
charme, de cette mélancolie automnale dont étaient détenteurs ses aînés et ce,
en dépit de leurs maladresses. On mesure maintenant combien Narqath a été
inspiré de faire de Wyrd un vrai groupe, en faisant appel à son compère
d’Azaghal, Hin Onde et Svartkraft, JL Nokturnal, responsable ici du mastering, sur
ses disques suivants. Quel gouffre entre Rota et The Ghost Album et plus encore
Kammen ! 2/5 (2007)
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