Le
folk pagan viking machin-chose metal étant un breuvage de plus en plus prisé
dans les tavernes, il eut été étonnant que le genre n’essaime pas également en
Russie. La preuve ? Wolfmare, jeune troupe – ils sont huit
là-dedans ! - de St Petersbourg qui démontre bien le succès croissant que
cette scène rencontre actuellement. Sinon comment expliquer qu’un groupe qui
n’a qu’une seule année d’existence ait déjà la chance de pouvoir sortir un
premier album via un label relativement connu (CCP Records) alors qu’il ne
possède ni talent exceptionnel ni le petit quelque chose qui fait la
différence ? Ceci dit, Whitemare Rhymes est une cuvée bien rafraîchissante qui
se boit aussi aisément qu’une bonne pinte. Il faut reconnaître aux Russes une
maîtrise certaine du genre, comme l’illustrent notamment les premières salves,
enlevées et inspirées : « The Ballad Of Johnny Hangman »,
« In Taberna » et surtout le magnifique « The Hall Of
Mirrors », illuminé par la voix de Karen Gilligan, l’ancienne chanteuse de
Cruachan (et oui, la charmante jeune femme a récemment annoncé son départ de la
formation irlandaise). De fait, Wolfmare a parfois quelque chose d’un Cruachan
slave, les racines black metal en moins, bien qu’elles affleurent par moment
(le chant de gargouille masculin) et les attributs sautillants du pur folk
metal en plus. En plus prog surtout. En effet, les instruments traditionnels
(violon, flûte…) se marient à des claviers à des teintes seventies, voire
carrément progressives pour une recette des plus sympathique à défaut de
marquer réellement les esprits. C’est d’ailleurs cette dernière influence qui permet aux Russes de se distinguer
quelque peu du tout venant du folk metal car par exemple ce son d’orgue (comme
sur « Shine ») est davantage un témoin du rock progressif des années
70 qu’un invariant récurent de la scène à laquelle ils sont rattachés. La durée
de certains morceaux (« Widdershins Song » et le superbe « Web
Of War », qui dépasse les treize minutes) participent aussi de cet emprunt
bienvenu. Wolfmare est donc un groupe prometteur et à suivre de près, Whitemare
Rhymes le prouve, œuvre qui a les défauts et les qualités d’un premier jet.
Pour autant, parviendra-t-il à tirer son épingle du jeu au sein d’une chapelle
plus que jamais embouteillée par des files entières de traîne-savates sans
talent ? C’est tout ce qu’on lui souhaite… Ses influences originales, pour
le genre s’entend, le lui permettront peut-être. 3/5 (2009)
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