9 janvier 2014

Chronique : Fractal Gates - Beyond The Self (2013)



Sans vouloir sombrer dans le chauvinisme primaire, force est de reconnaître que FRACTAL GATES bénéficierait sans doute de plus de succès sinon d'exposition s'il venait d'Allemagne ou mieux de Scandinavie alors même qu'il n'a pas à rougir de la comparaison avec certains cadors étrangers. Mieux, il est même ce qui est arrivé de plus excitant au Death mélodique depuis... Très longtemps. Mais voilà, être français ne fait pas (toujours) vendre, du coup, malgré ses nombreuses qualités, Altered State Of Consciousness, la carte de visite du groupe, bien que remarqué, n'a pas eu les honneurs qu'il méritait. Quatre ans plus tard, flanqué d'un nouveau label (Great Dane) et d'une deuxième offrande, c'est presque donc un second départ pour cette formation fondée par deux ex INBORN SUFFERING dont le guitariste Stéphane Peudupin qu'on espère toujours revoir un jour avec NINGIZZIA, ce qui est un voeu pieux et une autre histoire. Beyond The Self fait mieux que transformer l'essai, il confirme l'insolente suprématie de FRACTAL GATES dans un créneau lessivé à force d'être exploité jusqu'à l'os par des palettes entières de médiocres suiveurs. S'il restaure le lustre sombrement mélodique d'un certain Death Metal suédois des années 90, celui de DARK TRANQUILLITY ou d'IN FLAMES soit ce qu'on nommait alors l'école de Göteborg en opposition à celle de Stockholm, dont il respecte le credo à base de vocalises caverneuses et de lignes entêtantes tout en évitant miraculeusement le syndrome du "déjà entendu", le groupe sait ne pas se contenter de cela (ce qui ne serait somme toute déjà pas si mal), accouchant de compositions remarquables dont l'écriture d'orfèvres trahit un travail de longue haleine. Au format toujours resserré et construits autour d'une colonne vertébrale mélodique irrésistible, ces titres sont tous émaillés de motifs dont la puissance d'attraction ferre de suite l'auditeur. "Dissonance", "Timeless" ou bien encore "On My Own", pour ne citer que trois exemples, sont d'imparables perles, finement ciselées, creusant de profonds cratères dans la mémoire. Denses, elles abritent une richesse insoupçonnée que les plongées successives au fond de leur intimité finissent par dévoiler. Même l'improbable reprise de CHEAP TRICK (?), "Mighty Wings", ne parvient pas seulement à être réussie mais surtout à ne pas dépareiller ce menu homogène quand bien même  son chant clair surprend de prime abord. Assuré par Dan Swanö (dans les studios duquel le disque a d'ailleurs été mixé et masterisé), celui-ci se révèle pourtant idéal, l'homme n'ayant jamais caché son amour pour le Hard FM. On le préfère toutefois sur "Everblaze" qu'il illumine également, invité de luxe judicieusement utilisé, ce qui n'est pas toujours le cas, le Doomain de MEMORY GARDEN l'a malheureusement illustré il y a peu. Ce tour du propriétaire ne serait pas complet sans mentionner le travail des deux guitaristes qui tissent des lignes obsédantes, autant de fils d'Ariane gorgées d'un feeling à la mélancolie glacée ("Reverse Dawn"), menant au coeur d'un album où l'on serait bien en peine d'en déceler le moindre écueil. De la belle ouvrage. (La Horde Noire 2014)

Genre Melodic death metal
Label Great Dane Records
Durée 50:36




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire