21 octobre 2013

Chronique : Rainbow - Difficult To Cure (1981)




Publié en février 1981, Difficult To Cure aurait pu faire mentir la légende qui veut qu’aucun line-up de Rainbow n’ait survécu à plus d’un album, puisque le groupe qui commence à travailler en 1980 sur le successeur de Down To Earth est alors le même que celui qui a enregistré ce dernier. Il comprend donc, outre Blackmore, le chanteur Graham Bonnet, le bassiste Roger Glover, Don Airey aux claviers et Cozy Powell derrière les fûts. Malheureusement, sans doute mécontent de la direction plus commerciale et lisse empruntée par le quatrième opus, ce qui lui permit pourtant de rencontrer plus de succès (aux Etats-Unis) que ses aînés, Powell décide contre toute attente de quitter le navire pour rejoindre celui dont on commence alors à beaucoup parler, Michael Schenker et son MSG, avec lequel il va graver le fameux Assault Attack (1982), réussissant au passage à convaincre Bonnet de l’accompagner dans cette nouvelle (et éphémère) aventure. Certains estiment que Difficult To Cure pâtit de ce double départ car le timbre légèrement rocailleux du chanteur et la frappe surpuissante de Powell lui font défaut. Ceci dit, la voix de Joe Lynn Turner et le jeu plus rock de Boddy Rondinelli vont permettre à Ritchie Blackmore de poursuivre l’évolution stylistique entamée après le départ de Dio vers une musique qui lorgne désormais franchement vers l’AOR. Le guitariste n’ayant jamais caché son admiration pour un Foreigner qui triomphe au même moment, cette couleur plus mélodique ne surprend pas tant que cela. De fait, ceux pour qui Rainbow rime avec métal lyrique et flamboyant (celui des premières années donc), en seront encore pour leurs frais. Ce cinquième album, produit par Glover et enregistré par le futur producteur du Master Of Puppets de Metallica, Flemming Rasmussen, aligne les tubes comme d’autres les perles. Il débute avec le superbe "I Surrender", à nouveau composé par Russ Ballard et tout aussi mémorable que "Since You’ve Gone", se poursuit avec le rapide "Spotlight Kid", zébré par un solo nerveux de l’homme en noir, étonne avec le plus atmosphérique "No Release", pièce magnifique bien que trop méconnue du répertoire de l’Arc-en-ciel. Au (trop) gentillet "Magic", succède "Vielleicht Das Nachster Zeit", instrumental d’une belle sobriété où le guitariste témoigne de toute l’émotion qu’il peut faire couler de son jeu. Hormis un "Midtown Tunnel Vision" plus anecdotique, la seconde partie du disque est brillante, entre le rythmé "Can’t Happen Here", l’imparable "Freedom Fighter", que Ritchie perce d’un solo très personnel, et surtout l’adaptation de "L’hymne à la joie" de Beethoven (extrait de la neuvième symphonie) qui, au fil des ans, va s’imposer parmi les moments obligés des concerts de Rainbow et même plus tard de Deep Purple (!). Blackmore y brille de mille feux. Difficult To Cure, dont la pochette signée Hipgnosis était apparemment destinée à l'origine au Never Say Die de Black Sabbath, fait donc partie des classiques du Hard-Rock. D’aucuns le considèrent, sinon comme une des pierres angulaires de la carrière du groupe, au moins comme le meilleur album de l’ère Turner. Il scelle la césure artistique très nette avec les années Dio négociée par Down To Earth. C'est un autre Rainbow, différent, sans doute plus commercial et facile, mais pas moins intéressant.



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