20 octobre 2013

Chronique : Archon - Ouroboros Collapsing (2012)




Quand bien même elles y tiennent une place de plus en plus grande, ce dont personne ne se plaindra bien entendu, les femmes restent minoritaires au sein de la chapelle Doom. Assez présente dans sa version occulte mâtinée de série Z (Blood Ceremony, The Wounded Kings...), la gent féminine l'est beaucoup moins dans sa forme la plus abrasive, la plus viscérale, c'est-à-dire le Sludge. A cela, une raison évidente : un chant écorché, rugueux voire carrément hurlé qu'on n'imagine pas craché par des gorges aussi délicates. C'est un tort. D'où la singularité d'Archon, au départ et nonobstant les qualités du split partagé avec Old One, banale formation lorsque les lignes vocales n'étaient assurées que par un mâle organe, des plus excitantes depuis que Rachel Brown s'arrache les poumons en compagnie du chanteur d'Alkahest, Chris Dialogue. Si les mélopées de la jeune femme savent être diaphanes, elles sont le plus souvent rageuses, tapissant ces compositions d'une épaisse couche de noirceur. Ce n'est pas là le seul trait de caractère de ces Américains dont l'identité réside, bien avant cette voix féminine, dans ce socle aux tentaculaires ramifications. Quand nombre de ses compères énervés balancent la purée en une poignée de minutes, Archon préfère quant à lui prendre son temps, déroulant un canevas étiré qui le rapproche dans la forme du pur Doom Metal, cependant que les nombreux effets et nappes de claviers qui enrichissent son art lui confère une dimension parfois quasi psyché voire Stoner. Ouroboros Collapsing, sa seconde procession funéraire est la synthèse de ce style extrêmement personnel. Quatre pistes l'émaillent de leurs effluves viciées et mortifères. Sentinelles monstrueuses, deux d'entre elles franchissent aisément la barre des dix minutes au compteur alors que les deux autres n'en sont pas très loin non plus. Premier pavé, "Worthless" s'ouvre sur un chant féminin clair, rapidement balayé tel un fétu de paille par des vocalises caverneuses. Pétrifié, le tempo est embourbé dans une lenteur suffocante que ni la montée en puissance finale, ni les discrètes nappes synthétiques ne parviendront vraiment à altérer. Plus dynamiques se veulent "Desert Throne ", pulsation traversée par un ressac plombé et qu'emporte des guitares d'une beauté grésillante puis "God's Eye" qui s'emballe très vite fiévreusement avant de serrer le frein à main au gré d'un chant qui alterne violence et transe hypnotique, prélude à la plongée dans les abîmes de l'indicible. Bien qu'hanté par la voix désincarnée de Rachel et résonnant des cris lointains de comparse, "Masks" a des allures de long dérélict instrumental à la trajectoire funeste que tricotent des instruments au bord de la rupture. Difficile de s'en remettre...



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