Si, sur le papier, peu de temps paraît séparer Suprême Cheminement, publié seulement l’an dernier, de The Grand Contraction, en réalité
ce délai raisonnable n’illustre en rien les difficultés tant humaines que
techniques que The Fœtal Mind a dû supporter ces douze derniers longs mois, à
tel point que le sabordage du navire, unique issue possible, a été évité de
peu. Né d’une situation chaotique, The Grand Contraction, autant résurrection
que rédemption, s’est clairement nourri de cette ambiance déprimante et délétère.
Depuis 2007, le projet s’est construit autour de lord V pour peu à peu devenir
un vrai groupe. Mais, désormais privé de chanteur, l’entité s’est resserrée
autour du duo. La musique qui, si elle continue d’évoluer, épouse elle aussi ce
retour aux sources vers des racines dépressives et cendreuses. Quasiment absent
(sauf sur « Big Crunch »), le chant s’efface au profit d’une
atmosphère instrumentale que tissent en premier lieu des guitares obsédantes et
belles à en pleurer. Parfois rongées par une rouille Black Metal
(« Esperit Nosible ») ou plus émotionnelles (« Silence »,
tout d’abord squelettique avant de monter en puissance), celles-ci ont quelque
chose d’une vigie funeste, guidant le pèlerin dans la brume, phare fantomatique
perçant la nuit aux mains de naufrageurs. Influencé par le Katatonia originel,
filiation de cœur évidente sur le morceau éponyme, The Fœtal Mind séduit
peut-être davantage lorsqu’il s’en affranchit pour sculpter un matériau plus
personnel quand bien même le fluide d’un Black suicidaire mais étonnamment
mélodique alimente toujours ses veines. De fait, à un « The
Collapse » néanmoins beau et entêtant, on préfère des compositions tout en
progression telles que « Positive Destruction », aux contours abrupts
ou le lancinant « Nothingness ». D’une manière générale, les motifs
décharnés réussissent plutôt bien aux Français, comme le montre le bien nommé
« Instrumental », qui débute sur un tapi ambient, lequel cède ensuite
la place à des lignes de guitares secrétatoires d’une tristesse infinie. C’est
superbe. Au final, The Fœtal Mind aboutit à une œuvre plus singulière qu’il n’y
paraît de prime abord, qualité que le projet doit beaucoup à son caractère
instrumental qu’il serait bien inspiré de continuer à creuser. Echappé des
limbes, The Grand Contraction se révèle excellent tout du long et ce faisant il
fait plus que confirmer tout le bien que l’on pensait de ses auteurs suites à
leurs prometteuses démos. Ceux-ci font souffler un peu de nouveauté au sein
d’une chapelle qui donne l’impression d’avoir un peu tout dit. (2010)
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