6 décembre 2011

Yuck - Do It Yourself (2009)


Rouen. Son port, sa cathédrale peinte par Monet, sa scène metal dynamique, véritable vivier de talent : Ataraxie bien sûr, mais aussi Fatum Elisum, Funeralium, Hyadningar... Et puis il y a Yuck. Yuck, que peuplent des musiciens issus notamment de Hyadningar justement et dont Asgeirr de Fatum Elisum m'avait dit le plus grand bien en interview. Je comprends mieux pourquoi maintenant. 

Yuck, c'est un effroi pour les journalistes et à fortiori pour les labels car il est impossible de le séquestrer dans une case étriquée et bien définie. Il s’affranchit des carcans, des étiquettes. Le nom, déjà, court et intriguant, s'il ne nous renseigne pas sur le contenu de la chose est cependant un indicateur : quand certain choisissent de s'appeler Satanic Sodomy ou Pustule Incinerator, eux optent simplement pour ces quatre lettres. 

Do It Yourself, dont l'écrin visuel est à l'image de l'ensemble, surprenant donc, est la première exploration du groupe, après une démo gravée en 2002 (Miscarriage). La décrire relève de la gageure. Agglomérat de onze pistes, c'est un magma bouillonnant, fiévreux où copulent avec frénésie toutes sortes d'influences, bouillon de culture improbable et néanmoins pertinent. Leur source d'inspiration semble intarissable. Un exemple ? Le chant possède une tessiture parfois très black metal à la norvégienne comme il peut être rugueux façon "j'ai avalé cul sec la bouteille de Destop et semble vouloir alors arrimer alors Yuck au doom/sludge US. 

Le périple débute avec "The Smel Of Cold" dont l'intro se nourrit du post rock instrumental à la Caldera, Capricorns, avec lequel le groupe partage cette mélancolie prégnante. Mais très vite, dès l'arrivée, des raclements de gorge de Jérémie, on est happé dans un tourbillon hallucinant aux multiples cassures. Tout du long, les riffs déversent une tristesse plombée, tandis que les lignes vocales s'enfoncent de plus en plus dans une inexorabilité poisseuse. Sans espoir. Puis, les roulements de batterie entraînent le titre dans une mort progressive. 

Plus court, "Virus" exsude une urgence palpable, sorte de brûlot thrash et ferrugineux, toutefois lui aussi perturbé par une guitare au son déglingué et un chant presque vindicatif. Bref, à la ligne droite et rassurante, Yuck préfère toujours la courbe, le chemin de traverse. La difficulté. Chaque compo est gangrenée par une multitude de motifs, chacune emprunte plusieurs directions à la fois. Mais là où des médiocres ne réussiraient qu'à aller nulle part, les Normands ne perdent jamais leur fil conducteur et au contraire débouchent toujours sur le miracle, l'équilibre. 

Car loin de se limiter à un empilement de strates successives, ces titres se parent d'une fluidité admirable et ce, en dépit même des césures qui les zèbrent, comme l'illustre l'agressif "Nunc Umbra, Mox Gloria", décharge électrique d'une intensité assommante. De même "Hermit" est une manière de leçon entamée dans une ambiance (faussement) calme avant d'ouvrir la porte vers un paysage noir et ravagé d'un black metal rapide et obsédant qui ne file jamais droit. Et après le pesant et gras "Mine Is Bigger", Do It Yourself atteint son Everest avec le monumental "Denying The 3", dont la puissance hallucinée, la folie destructrice renvoient toutes les faces de goules grimées à la truelle dans le bac à sable de la maternelle ! Avec toujours, cette façon d'injecter à une plastique à première vue classique un détail, un phrasé empruntés à d'autres courants musicaux, témoin ce solo de guitare qui illumine son final. 

De l'épileptique "Decline" et sa rythmique implacable au squelettique "To Redemption", respiration désespérée miné par un mal être véhiculé par une voix féminine loin de la jeune vierge éthérée, sans oublier l'accouplement brutal "Right To Live", la litanie peut se poursuivre jusqu'aux ultimes mesures d'un album singulier et inclassable aux confins du doom, du death, du black, du thrash, du hardcore et qui pourra de fait tout à la fois plaire à un large public comme il pourra au contraire n'en toucher aucun... Mais c'est ce qui lui confère une bonne partie de son charme. 8/10


A lire : This One Is Good (2011)




Rouen. Its port, its cathedral painted by Monet, the metal scene dynamic, real pool of talent: Ataraxie course, but Fate Elisum, Funeralium, Hyadningar ... And then there was Yuck. Yuck, that inhabit musicians from including Hyadningar exactly which of Fate Asgeirr Elisum told me the greatest good in interview. Now I understand why now.

Yuck, it's a terror for journalists and a fortiori for the labels because it is impossible to confine in a narrow box and well defined. It overcomes the shackles, labels. The name was already short and intriguing, if it does not tell us about the content of the thing is, however, an indicator: when some choose to call or Satanic Sodomy Pustule Incinerator, they simply opt for these four letters.

Do It Yourself, whose case is at the visual image of the whole, surprising, then, is the first exploration of the group, engraved after a demo in 2002 (Miscarriage). Describe it is a challenge. Cluster of eleven tracks, it's a hot magma, which copulate with feverish excitement all sorts of influences, the culture broth improbable and yet relevant. Their inspiration seems endless. An example? The song has a range sometimes very black metal in Norway as it can be so rough "bottoms up I swallowed a bottle of Destop and seems to be so secure then Yuck to doom / sludge USD.

The journey begins with "The Smell of Cold" which feeds on the intro instrumental post rock to Caldera, Capricorns, with which the group shares the melancholy resonance. But soon, upon arrival, throat clearing of Jeremiah, we are caught in a whirlwind with many incredible breaks. Throughout, the riffs poured a leaden sadness, while the vocal lines sink more and more in a sticky inexorability. Without hope. Then the bearings cause the battery as a gradual death.

Shorter, "Virus" exudes a palpable urgency, a sort of scathing thrash and iron, but also disturbed by his ramshackle guitar and a song almost vindictive. In short, the straight and reassuring Yuck always prefer the curve, the cross-road. The difficulty. Each component is plagued by a multitude of reasons, each takes several directions at once. But where the poor do not succeed to go anywhere, the Normans never lose their thread and instead always lead to the miracle of equilibrium.

For far from being limited to a stack of successive layers, these securities are adorned with admirable fluidity and, despite even the hyphenation that streak, as illustrated by the aggressive "Nunc Umbra, Mox Gloria," electric shock intensity tedious. Similarly "Hermit" is a way to lesson begun in an atmosphere (falsely) calm before opening the door to a dark and devastated landscape of a fast and haunting black metal that does not file law. And after weighing and fat "Mine Is Bigger," Do It Yourself reaches Everest with the monumental "Denying The 3", whose hallucinatory power, the destructive madness refer all faces of ghouls Crimea with a trowel in the sandbox from kindergarten! With always this way to inject a plastic face of a classic detail, a phrase borrowed from other musical genres, witness the guitar solo that lights the final.

Of the epileptic "Decline" and the relentless rhythmic skeletal "To Redemption", desperate breathing undermined by an evil being carried by a female voice away from the ethereal young virgin, not to mention the brutal mating "Right To Live", the litany can go on to the ultimate measures of a singular and unclassifiable album on the edge of doom, the death of black, thrash, hardcore and may in fact at the same time appeal to a wide audience as he can to otherwise do not touch any ... But that's what gives it much of its charm. 8 / 10

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