15 décembre 2011

KröniK | YOB - Atma (2011)


Si on se demande toujours pourquoi il s'est sabordé en 2006 pour au final se reformer deux ans plus tard - mise en sommeil qui aura permis à Mike Scheidt de butiner l'éphémère Middian - le fait est que YOB reste ce groupe attachant qui ne ressemble à nul autre dont on accueille les nouvelles giclées avec un plaisir inchangé depuis Catharsis (2003), seconde offrande grâce à laquelle nombreux sont ceux à l'avoir découvert. Les années se suivent, les albums (six à ce jour) aussi mais le Sludge/Doom cosmique forgé par le power-trio n'a pas bougé d'un iota. De fait, Atma, qui succède à The Great Cessation, album qui scella à la fois le retour des Américains et l'alliance avec Profound Lore Records, se contente de forer le même socle que ses aînés. Le chant de canard enrhumé de Mike, les rythmiques de bûcheron épaisses et râblées et ce goût pour les longues échappées (plus de 10 minutes en moyenne) forment encore une fois la base de cet opus. Ceci étant, la capacité à pouvoir parfois décoller très haut, comme ce fut le cas sur The Unreal Never Lived semble depuis sa résurrection avoir été gommée au profit d'une musique plus terreuse encore, qui ne parvient jamais à s'extraire de la gangue de boue dont elle est prisonnière ("Upon The Sight Of The Other Shore"). Tricotant de longs instants suspendus au bord du vide, comme il le fait à mi parcours de "Before We Dreamed Of Two" ou gravant dans le granite des riffs pachydermiques d'une douloureuse beauté tel qu'il en possède le secret (on pense à l'entame tellurique et démentielle de "Prepare The Ground"), YOB demeure le maître incontesté d'un Doom démesuré dans sa manière d'étirer un canevas lesté de plomb. Mieux, Atma possède nettement plus de charme que The Great Cessation et se déleste de quelques unes des meilleures compositions vidangées par ses auteurs. Passé un premier titre terrassant, l'oeuvre s'abîme peu à peu dans une marre de mazoute avant d'atteindre un orgasme sismique avec le monumental "Adrift In The Ocean", enclume terminale en forme de montée en puissance (presque) instrumentale de près de 14 minutes, où le chant ne surgit qu'après une quasi moitié d'écoute durant laquelle Mike sculpte des lignes de guitares belles à en pleurer, poissées d'une tristesse infinie, avant d'ériger avec ses deux comparses (ainsi qu'en guise d'invité et de cerise sur le gâteau, Scott Kelly de Neurosis) une falaise rythmique contre laquelle la guitare vient ensuite se fracasser. Et lorsque survient ce solo gorgé de mélancolie annonçant une fin dont les coups de boutoir s'apparentent à d'ultimes battements de coeur, on termine l'écoute à genoux mais avec le sourire de celui qui vient de connaître un plaisir absolu. L'album ne comporterait que ce titre, il en serait quand même indispensable. Et alors que nous pensions ne plus avoir de surprise avec YOB, celui-ci, dont l'art singulier est parvenu à maturité, signe peut-être son meilleur album à ce jour.  4/5 (2011)


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