Si
on se demande toujours pourquoi il s'est sabordé en 2006 pour au final se
reformer deux ans plus tard - mise en sommeil qui aura permis à Mike Scheidt de
butiner l'éphémère Middian - le fait est que YOB reste ce groupe attachant qui
ne ressemble à nul autre dont on accueille les nouvelles giclées avec un
plaisir inchangé depuis Catharsis (2003), seconde offrande grâce à laquelle
nombreux sont ceux à l'avoir découvert. Les années se suivent, les albums (six
à ce jour) aussi mais le Sludge/Doom cosmique forgé par le power-trio n'a pas
bougé d'un iota. De fait, Atma, qui succède à The Great Cessation, album qui
scella à la fois le retour des Américains et l'alliance avec Profound Lore
Records, se contente de forer le même socle que ses aînés. Le chant de canard
enrhumé de Mike, les rythmiques de bûcheron épaisses et râblées et ce goût pour
les longues échappées (plus de 10 minutes en moyenne) forment encore une fois
la base de cet opus. Ceci étant, la capacité à pouvoir parfois décoller très
haut, comme ce fut le cas sur The Unreal Never Lived semble depuis sa
résurrection avoir été gommée au profit d'une musique plus terreuse encore, qui
ne parvient jamais à s'extraire de la gangue de boue dont elle est prisonnière
("Upon The Sight Of The Other Shore"). Tricotant de longs instants
suspendus au bord du vide, comme il le fait à mi parcours de "Before We
Dreamed Of Two" ou gravant dans le granite des riffs pachydermiques d'une
douloureuse beauté tel qu'il en possède le secret (on pense à l'entame
tellurique et démentielle de "Prepare The Ground"), YOB demeure le
maître incontesté d'un Doom démesuré dans sa manière d'étirer un canevas lesté
de plomb. Mieux, Atma possède nettement plus de charme que The Great Cessation
et se déleste de quelques unes des meilleures compositions vidangées par ses
auteurs. Passé un premier titre terrassant, l'oeuvre s'abîme peu à peu dans une
marre de mazoute avant d'atteindre un orgasme sismique avec le monumental
"Adrift In The Ocean", enclume terminale en forme de montée en
puissance (presque) instrumentale de près de 14 minutes, où le chant ne surgit
qu'après une quasi moitié d'écoute durant laquelle Mike sculpte des lignes de
guitares belles à en pleurer, poissées d'une tristesse infinie, avant d'ériger
avec ses deux comparses (ainsi qu'en guise d'invité et de cerise sur le gâteau,
Scott Kelly de Neurosis) une falaise rythmique contre laquelle la guitare vient
ensuite se fracasser. Et lorsque survient ce solo gorgé de mélancolie annonçant
une fin dont les coups de boutoir s'apparentent à d'ultimes battements de
coeur, on termine l'écoute à genoux mais avec le sourire de celui qui vient de
connaître un plaisir absolu. L'album ne comporterait que ce titre, il en serait
quand même indispensable. Et alors que nous pensions ne plus avoir de surprise
avec YOB, celui-ci, dont l'art singulier est parvenu à maturité, signe
peut-être son meilleur album à ce jour. 4/5 (2011)
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