Si les deux premiers albums étaient le
fruit d’un effort de groupe, quand bien même Juhani Palomäki apparaissait déjà
comme la tête pensante de Yearning,
celui-ci ne se résume plus désormais qu’au chanteur / guitariste et au batteur
Toni. Mais ce changement de personnel n’a aucune incidence sur la qualité de
cette troisième offrande qui poursuit l’évolution entamée avec Plaintive Scenes
vers une musique encore plus atmosphérique mais toujours empreinte d’une
profonde mélancolie. Frore Meadow se veut l’album le plus expérimental du
groupe. Après une première partie excellente et délivrant quelques unes des
meilleures chansons composées par Palomäki (le sublime “ Bleak ” ou
le lent et dépressif “ Autumn ”), lesquelles sont comme d’habitude
bâties autour de la superbe voix claire de ce dernier et sur des riffs de
guitares lumineux et entêtants, s’enchaînent alors quatre morceaux très courts
(à peine plus deux minutes chacun), entrecoupés d’un instrumental intéressant
(“ Years Of Pain ”), qui certes fourmillent de bonnes idées mais dont
la durée curieuse leur empêchent d’atteindre leur but. En gros, on reste sur sa
faim. Le suicidaire “ Elegy Of Blood ” en renouant avec la majesté de
son second disque, nous rassure, de même que “ In Strange Slowfooted
Fever ” à la simplicité touchante ; mais l’album s’achève
maladroitement sur un long titre expérimental qui semble vouloir aller nulle
part. Frore Meadow, tel Janus, offre donc deux visages : il passionne
autant qu’il déstabilise. Au moins, reconnaissons à Yearning la capacité à
éviter la stagnation artistique, remarque qui prévalait d’ailleurs déjà pour
Plaintive Scenes. 4/5 (2006)
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