Le fait que Desolation... ne
soit en réalité qu'une restauration de vieux titres originellement gravés au
fond d'une cave entre 2005 et 2006 à une époque où le nom de la bête polonaise
n'était pas encore bien défini, importe peu. Non, ce qui compte est que l'on
tient là une des plus nocives doses de décrépitude sonore entendues depuis
longtemps. Pourtant, des projets du genre de Xaos Oblivion, soit une
seule face de ghoule qui, en bon misanthrope, se charge de tous les instruments
(ou presque) ainsi que de la prise de son (forcément) polluée et primitive, on
a en déjà plein les étagères du salon, certains excellents (Ars Diavoli),
d'autres beaucoup moins voire franchement pas du tout mais le Polonais rumine
avec une telle sincérité son mal-être que l'on finit pas être touché par ce
Black Metal suicidaire dont le minimalisme et le caractère volontairement
répétitif, créant une espèce de transe d'un dolorisme hypnotique, demeurent
certes des invariants éprouvés mais d'une noirceur néanmoins toujours aussi
belle lorqu'elle est peinte avec une telle puissance obscure. Là où trop
de ses confrères dans la désolation, confondent bien souvent sentiments
dépressifs et morne léthargie qui vous emmerde plus qu'elle ne vous engourdit,
ce qu'elle est pourtant censé faire, Xaos Oblivion maintient
généralement un rythme soutenu (sauf sur le bien nommé "Suicide" qui
inocule son venin avec une lenteur morbide et le temps de "Falling",
curieux et inutilement long), à l'image de "Degradation" qui, après
une entame d'une lancinance délicieusement sinistre, voit son poul s'accélérer
et ce, pendant plus d'une dizaine de minutes. Car, et vous vous en doutiez, le
reclu de Lublin reste fidèle aux durées qui s'étireeeennt au-delà du
supportable, même si on n'a toujours pas fait mieux (ou pire, c'est selon) dans
le genre, que le Förlorad de Svart. De fait, s'ouvrant sur une
porte d'entrée ambient et narrative ("Enter To The Circle Of
Nightmares", l'opuscule aligne cinq complaintes pour une marche funèbre de
plus de cinquante minutes lugubres à souhait, "Desolation" s'imposant
même comme une sublime mortification. Les connaisseurs - ou ceux qui sont
déjà prêts à se glisser une corde autour du cou - apprécieront, les autres,
sans doute que non. Forcément indispensable en cette saison où s'installe peu à
peu l'hiver et les longues nuits qui l'accompagnent... 3.5/5 (2011)
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