31 mai 2010

Corde Oblique | The Stones Of Naples (2009)


Troisième recueil de Corde Oblique, le projet solo du guitariste napolitain Riccardo Prencipe, The Stones Of Naples s'inscrit dans la droite lignée de ses deux aînés, les magnifiques Respiri et Volonta d'Arte. Si vous êtes de ceux qui ce sont laissés bercer par les caresses acoustiques belles comme un chat qui dort qui les composaient alors vous pouvez donc acquérir cet album les yeux fermés (mais surtout pas les oreilles !). Avec un bonheur et une réussite intacts, le généreux musicien nous transporte dans son univers, un univers bien entendu (très) loin du metal quand bien même il ait apparu, aussi surprenant que celui puisse paraître, lors du Cernunnos Pagan Fest 2008, coincé entre des groupes de black metal et qu'il a illuminé de son touché poétique. La reprise du très beau" Flying" d'Anathema, qu'il revisite avec justesse et émotion témoigne également des liens que le projet peut parfois nouer avec une scène dont il est pourtant à priori très éloigné. On se souvient également que l'Italien a déjà proposé une relecture du "Kaiowas" de Sepultura sur son disque précédent. Corde Oblique est comme un jardin secret : on y entre que si l'on y est invité. Il est rempli de richesses intimes et intimistes. The Stones Of Naples illustre bien cette métaphore. Tout y est délicat, aérien, élégant, fin. Emouvant surtout. Avec classe et sobriété, Riccardo transpire un feeling qu'un Yngwie Malmsteen ne parviendra jamais à atteindre. Quelques notes lui suffisent toujours pour dépeindre une émotion, un sentiment (la superbe introduction "La Quinta Ricerca", "The Quality Of Silence", court instrumental touché par la Grâce), aidé en cela par des musiciens talentueux (violonistes, pianistes...) et différentes chanteuses qui le sont tout autant qui viennent souligner le jeu du maître. Malgré l'absence d'instruments électriques, ces chansons se révèlent être de purs joyaux, belles et cristallines. Qu'il est bien difficile de rester de marbre, de ne pas couler une larme à l'écoute des torrents émotionnels que sont "Like An Ancient Black & White Movie", "La Citta Dagli Occhi Neri" (certainement, l'une des plus belles pièces de cet opus), "Nostalgica Avanguardia" ou bien encore le final "Piscina Mirabilis". Ces ritournelles sont enveloppées par le charme ensoleillé de cette langue latine, pleine de poésie qui les drape d'un voile léger et pur. Mais en filigrane, il y a constamment une forme de mélancolie qui affleure parfois plus qu'elle ne colore de quelques teintes éparses des morceaux finalement plus tristes qu'enjoués, à l'image notamment de "Dal Castello Di Avella", même si le virevoltant "La Gente Che Resta" peut quelque peu infirmer cette impression. Et s'il ne se hisse peut-être pas tout à fait à la hauteur de Volonta d'Arte, il ne faut pas bouder son plaisir face à The Stones Of Naples qui saura sans peine vous séduire. Mon Dieu, quelle douloureuse beauté ! 4/5 (2009)


                                   

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