Troisième
recueil de Corde Oblique, le projet solo du guitariste napolitain Riccardo
Prencipe, The Stones Of Naples s'inscrit dans la droite lignée de ses deux
aînés, les magnifiques Respiri et Volonta d'Arte. Si vous êtes de ceux qui ce
sont laissés bercer par les caresses acoustiques belles comme un chat qui dort
qui les composaient alors vous pouvez donc acquérir cet album les yeux fermés
(mais surtout pas les oreilles !). Avec un bonheur et une réussite intacts, le
généreux musicien nous transporte dans son univers, un univers bien entendu
(très) loin du metal quand bien même il ait apparu, aussi surprenant que celui
puisse paraître, lors du Cernunnos Pagan Fest 2008, coincé entre des groupes de
black metal et qu'il a illuminé de son touché poétique. La reprise du très
beau" Flying" d'Anathema, qu'il revisite avec justesse et émotion
témoigne également des liens que le projet peut parfois nouer avec une scène
dont il est pourtant à priori très éloigné. On se souvient également que
l'Italien a déjà proposé une relecture du "Kaiowas" de Sepultura sur
son disque précédent. Corde Oblique est comme un jardin secret : on y entre que
si l'on y est invité. Il est rempli de richesses intimes et intimistes. The
Stones Of Naples illustre bien cette métaphore. Tout y est délicat, aérien, élégant,
fin. Emouvant surtout. Avec classe et sobriété, Riccardo transpire un feeling
qu'un Yngwie Malmsteen ne parviendra jamais à atteindre. Quelques notes lui
suffisent toujours pour dépeindre une émotion, un sentiment (la superbe introduction
"La Quinta Ricerca", "The Quality Of Silence", court
instrumental touché par la Grâce), aidé en cela par des musiciens talentueux
(violonistes, pianistes...) et différentes chanteuses qui le sont tout autant
qui viennent souligner le jeu du maître. Malgré l'absence d'instruments
électriques, ces chansons se révèlent être de purs joyaux, belles et
cristallines. Qu'il est bien difficile de rester de marbre, de ne pas couler
une larme à l'écoute des torrents émotionnels que sont "Like An Ancient
Black & White Movie", "La Citta Dagli Occhi Neri"
(certainement, l'une des plus belles pièces de cet opus), "Nostalgica
Avanguardia" ou bien encore le final "Piscina Mirabilis". Ces
ritournelles sont enveloppées par le charme ensoleillé de cette langue latine,
pleine de poésie qui les drape d'un voile léger et pur. Mais en filigrane, il y
a constamment une forme de mélancolie qui affleure parfois plus qu'elle ne
colore de quelques teintes éparses des morceaux finalement plus tristes
qu'enjoués, à l'image notamment de "Dal Castello Di Avella", même si
le virevoltant "La Gente Che Resta" peut quelque peu infirmer cette
impression. Et s'il ne se hisse peut-être pas tout à fait à la hauteur de
Volonta d'Arte, il ne faut pas bouder son plaisir face à The Stones Of Naples
qui saura sans peine vous séduire. Mon Dieu, quelle douloureuse beauté ! 4/5 (2009)
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