2 avril 2010

KröniK | Skanska Mord - The Last Supper (2010)




La scène se déroule au Gibert Joseph de Saint-Michel à Paris. Je suis en train de vadrouiller parmi les bacs  à la recherche d’un disque que je n’aurais pas encore. Soudain, une musique parvient à mes oreilles et me file rapidement la trique des grands jours. Un riff plombé coulé dans une mélancolie profonde qui me fait penser à Ritchie Blackmore ou à Mike Amott dans Spiritual Beggars, un chant à la Coverdale et surtout à la JB du même Spiritual Beggars (la comparaison est évidente) pour un titre de heavy doom majestueux, lent et puissant dont je vais très vite apprendre qu’il se nomme « Under The Volcano », mise en bouche de The Last Supper. Il ne m’en faut donc pas davantage pour courir vers mon vendeur préféré afin de lui soutirer l’identité de ce bijou inconnu. Skanska Mord, que ça s’appelle. C’est Suédois, ce qui ne me surprend pas vraiment. Et c’est magnifique. Tout y est :  les compos, la production, chaude et vintage mais pas trop, l’interprétation. La classe, quoi. Imaginez le Deep Purple Mark III (le meilleur) qui aurait fait du doom (quoique qu’un morceau tel que « Mistreated » n’en est parfois pas très loin) , vous ne tomberez pas loin. 


Orgue Hammond qui dégouline comme à la belle époque (« Things Are Quiet Out There », "The Hermit"), soli de guitare racés et flamboyants (« A Journey ») et une voix gorgée d’un feeling bluesy, celle de Jan Bengtsson déterminent un très grand hard rock comme on n’en pas entendu depuis très, très longtemps. Dix titres, dix perles, du sublime « Under The Volcano » donc à l’hypnotique « Two In The Mourning », introduit par un jeu d’harmonica speed et illuminé par une wah-wah jouissive, du lancinant « In The Dark » et son riff obsédant en guise de fil d’Ariane, au très Whitesnake «  111 » jusqu’à la longue descente finale et doomy «  The Last Supper », cet album est un sans-faute d’une insolente maîtrise. Avec à la clé une question : comment un groupe qui semble sortir de nulle part, peut accoucher d’un tel chef-d’oeuvre (le mot n’est pas trop fort, vous vous en rendrez compte), comme galop d’essai ? Mystère. L’eau suédoise peut-être… Bref, tout en évitant le piège de la simple nostalgie, Skanska Mord offre une leçon et unit la puissance et le talent de Deep Purple avec une plastique plus doom rehaussée de quelques touches bluesy séduisantes. Mon coup de cœur du moment. Forcément... (2010) ⍖⍖⍖

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