28 avril 2010

LA CAVE DE CHILDERIC THOR : DEEP PURPLE - Slaves and Masters (1990)

BMG - 8/10 - MySpace

L’entente cordiale entre les deux frères ennemis Ritchie Blackmore et Ian Gillan n’aura duré que le temps d’un album (Perfect Strangers, celui qui scella la reformation du dinosaure) et d’une tournée. Dès son successeur, The House Of Blue Light et les concerts catastrophiques qui suivirent dont Nobody’s Perfect fût le témoin malheureux, les tensions resurgissent, aboutissant au départ du chanteur. Visiblement, ces deux-là ne peuvent pas se supporter plus de quatre ou cinq ans d’affilée ! 

Amputés du (plus si) charismatique Gillan, les quatre membres restant décident de faire appel à Joe Lynn Turner, que Blackmore et Glover connaissent bien pour avoir collaboré avec lui sur les trois derniers Rainbow et dont la participation au groupe ( ?) de Yngwie Malmsteen vient de s’achever. De cette mouture éphémère est né Slaves And Masters. 

Ce disque est un paradoxe. D’un côté, il s’agit certainement de l’œuvre des Anglais la plus méconnue avec Come Taste The Band (1975), de la moins considérée également (contrairement à l’opus avec Tommy Bolin, justement réévalué aujourd’hui) et de l’autre pourtant le guitariste la tient pour l’une de ses préférées au sein de la discographie de Deep Purple. Contradictoire ? Pas tellement en fait. Les fans estiment (peut-être à raison) que Turner n’avait rien à faire dans le groupe et ont donc boudé cette unique livraison du mark V jugeant que celle-ci n’affichaient que par trop les couleurs de l’Arc-en-Ciel au détriment du pourpre profond. Désormais seul vrai maître à bord, Blackmore, dont le jeu fin, précis est plus inspiré que jamais, au contraire y offre l’image d’un musicien épanoui car la musique de Rainbow lui sied davantage que celle d’un Deep Purple dont il n’a de toute façon accepté la reformation que pour des raisons financières. De Fait, Slaves And Masters, ombrageux et mélodique, lui ressemble. 

Avec le recul, il faut bien admettre que l’Homme en noir a raison : cette treizième offrande peut être considérée comme la plus grande réussite du géant britannique depuis son retour en 1984. A la croisée de Straight Between The Eyes de Rainbow et de The House Of Blue Light pour ses teintes progressives, cet album déroule un menu en tout point parfait, oscillant entre  échappées lentes et sombres  (le superbe “ King Of Dreams ”, le très beau “ Truth Hearts ”, le long “ Fortuneteller ” et le monumental “ Wicked Ways ”, l’une des pièces les plus progressives jamais composées par le groupe), brûlot bluesy (“ Fire In The Basement), ballade délicate (“ Love Conquers All ”), petit bijou d’écriture (“ Brekfast In Bed ”) et démonstrations de puissance (“ The Cut Runs Deep ” et “ Too Much Is Not Enough ”). 

Prétendre comme certains l’ont fait, que Slaves And Masters aurait pû vendu comme un nouveau Rainbow, est pour le moins réducteur. Certes, du fait, notamment, de la contribution vocale de Joe Lynn Turner, la filiation avec l’Arc-en-Ciel est évidente, pour autant, cela reste du pur Purple. Le son si reconnaissable des claviers de Jon Lord, tout comme la rythmique assurée par Roger Glover et Ian Paice participent de cet ancrage incontestable. Le disque possède donc ces deux visages, Blackmore les cimentant par sa présence ténébreuse. 

Un très grand disque, riche de très bons titres et interprétés avec le talent coutumier de ses géniteurs mais dont la seule erreur (commerciale) a justement été d’être publié sous la bannière pourpre.  (cT2008)

TRACKLISTING
  1. King of Dreams 05:30
  2. The Cut Runs Deep 05:42
  3. Fire in the Basement 04:43
  4. Truth Hurts 05:14
  5. Breakfast in Bed 05:16
  6. Love Conquers All 03:47
  7. Fortuneteller 05:45
  8. Too Much Is Not Enough 04:19
  9. Wicked Ways 06:35
TOTAL RUNNING TIME 46:51

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