Lettre à Urfaust. Les mecs, je vous adore, soyez-en certains. Je vous tiens pour de véritables artistes, faisant parties des rares auteurs réussissant encore à conférer une raison d'être au black metal. Chacune de vos explorations est un monument, une bande-son rituelle qui vrille mon âme et ce qui me reste de cerveau. Seulement voilà, quand allez-vous vous décider à enfanter enfin un nouvel album, un troisième, le dernier en date remontant tout de même à 2005 (Verräterischer, Nichtswürdiger Geist) ? L'attente est interminable. Pourtant, depuis, vous n'avez pas chômé, entre un EP hallucinant (Drei Rituale Jenseits Des Kosmos) et plusieurs splits excellents. D'ailleurs, le dernier d'entre-eux, celui que vous partagez avec les Norvégiens de Joyless, repose sur une de vos composition les plus démentielles que vous ayez jamais écrites.
Comme toujours avec vous, en l'espace de six petites minutes, vous parvenez avec "Unter Töchtern Der Wüste" à donner l'impression d'étirer votre trame sur une durée double. Surtout, ce titre est gangrené par une ambiance décadente absolument grandiose. Le chant qui semble avoir été gravé pour un 45 tours passé en 33, les guitares dissonantes comme cela ne devrait pas être autorisé par la police et un tempo hypnotique constamment au bord de la rupture façonnent cette cérémonie incantatoire vertigineuse et tellement noire qu'elle renvoie dans les bacs à sable toutes les faces de goules peinturlurées à la truelle et prenant la pose dans une forêt enneigée. Avec un style qui n'appartient qu'à vous, vous ouvrez les vannes d'une folie vicieuse. Votre sens du malsain est admirable et forcément, en comparaison, la contribution de Joyless ("The Adorn Japetus"), bien que déglinguée, manque de profondeur et de cette puissance cryptique dont vous seuls êtes capable. Les habitués de ces ex-Forgotten Woods s'y retrouveront certainement...moi un peu moins et ce, en dépit d'atmosphères délicieusement délétères et qui ne filent jamais droit. Une bonne association, pas si incohérente que cela, éditée qui plus est sous un format vinyle très beau (merci Ván). Mais j'attends toujours une nouvelle offrande d'Urfaust... Hein les mecs ? (2009) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire