21 mai 2021

KröniK | DomJord - Gravrost (2020)




Contre toute attente, alors que nous nous interrogions il y a quelques mois à peine, au moment de conclure la chronique de Sporer, quant à la pérennité d'un projet qui aura mis huit ans pour donner naissance à ce premier album, DomJord nous offre déjà son successeur ! DomJord, pour ceux d'entre vous qui ne le connaîtraient pas encore, permet à Daniel Rostén, plus connu de nos services sous le nom de Mortuus quand il enténèbre de sa voix les méfaits de Marduk, de cultiver son intérêt pour la musique électronique, le dark ambient et la dungeon synth. S'il ne portait pas la signature du Suédois, l'entité bénéficierait-elle de la même exposition ? Sans doute que non. C'est ce qu'affirment ses détracteurs ne voyant en elle qu'un mode d'expression qui apparaitra quelconque pour les puristes des styles pré cités. Pas faux non plus.  Il est pourtant permis d'estimer que son unique maître des lieux aurait bien tort de se priver et de ne pas se faire plaisir dans ce registre froid et électronique qui évidemment sied bien à son goût pour les ambiances lugubres. L'homme ne cherche nullement à révolutionner ces musiques sombres et désincarnées. Son travail demeure peu original, s'invitant par moment dans la geôle du Burzum carcéral et minimaliste ('Andrum') sans gronder de cette force immersive et glaciale propre aux ténors du dark ambient, suédois notamment (Kammarheit, Raison d'Etre...). A l'instar de son devancier, Gravrost tricote des effluves plus désolées que suicidaires. Rostén est habile pour étendre un tapis aux mélodies entêtantes qui confine à la transe ('Dödsdans'), capable de recouvrir d'une fine couche de givre tout ce qui l'entoure sans pour autant dresser de lourdes congères. DomJord continue ainsi de développer une approche du genre en réalité des plus accessibles et finalement presque décevante pour qui espérait davantage de noirceur de la part de l'âme tourmentée de Funeral Mist. L'album n'en fouille pas moins l'obscurité hivernale dont elle esquisse des formes inquiétantes ('Jârn'). Si, comme Sporer, il s'ouvre sur sa piste la plus forte, la plus habitée aussi ('Övergang'), Gravrost ne s'essouffle pas quant à lui en cours de route, œuvre à la qualité plus homogène, comme l'illustrent autant le pulsatif 'Farsot' que le martial 'Undergang' vibrant d'un écho autoritaire, lesquels en ferment le ban avec une mélancolie grouillante. DomJord s'avère donc être un projet destiné à durer. Nul ne s'en plaindra vraiment car son créateur, sans faire preuve d'une vraie personnalité, sait envoûter son auditoire par le biais de boucles solitaires et volontairement répétitives dont Gravrost est l'édifice hanté et tripant. (30.01.2021) ⍖⍖⍖

Sporer (2020)


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