25 novembre 2019

Joseph Sargent | Les pirates du métro (1974)
























Tiré d'un bouquin de John Godey, qui partage d'ailleurs la paternité du scénario avec Peter Stone, auteur des meilleurs Stanley Donen des sixties (Charade, Arabesque), Les pirates du métro demeure, quarante-cinq après sa sortie, un des mètres étalons du polar des années 70, nerveux et concis, expliquant à la fois que Quentin Tarantino s'en soit inspiré pour Reservoir Dogs dont les protagonistes portent également des noms de couleurs et que Tony Scott ait tenté, sans grande réussite, d'en commettre un remake, L'attaque du métro 123 (2009).

Souvent réduit à un (néanmoins) habile technicien de télévision mais auteur de quelques mémorables petites pellicules bien troussées, tels que Le cerveau d'acier (1969) ou Les Bootleggers (1973) avec Burt Reynolds, Joseph Sargent, son réalisateur, n'en fournit pas moins un travail impeccable, véritable modèle de précision et de synthèse. Dès le début, en quelques scènes, le cadre est planté, tracé par les décors ferroviaires de la rame de métro et de la salle de contrôle, conférant au film des allures de huis-clos haletant sinon étouffant où la notion de jour et de nuit semble gommée alors même que le temps qui passe nourrit le suspense du récit constamment sous tension. Les scènes d'action sont rares, Sargent, grâce à un montage serré qui alterne intérieurs tendus et (rares) échappées extérieures, privilégiant ses personnages dont quelques détails suffisent à brosser. A la froide et distinguée impassibilité du trop tôt disparu Robert Shaw répond le bagou de Walter Matthau, qu'épaulent le solide Martin Balsam (que ses éternuements trahiront lors d'une chute simple mais inoubliable) et une poignée de trognes dont on ne retient jamais les noms (Julius Harris, Tony Roberts...). A l'image du plan imaginé par monsieur Bleu, Les pirates du métro est une machine parfaitement huilée qui jamais ne déraille durant cette centaine de minutes ramassées. Sargent n'a pas besoin de plus pour emballer, avec la sécheresse nécessaire, son sujet, émaillé de dialogues incisifs, non dénués d'humour et parfois empreints d'un racisme et d'un sexisme, révélateurs de la société américaine de l'époque. (vu le 24.11.2019)



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