Est-ce son origine géographique - la Suisse - mais L'inconnu de Shandigor, que réalise Jean-Louis Roy, est une oeuvre au climat étrange qui mélange les genres, à la fois récit d'espionnage, film de science-fiction, le tout baignant dans une ambiance parfois proche de la parodie. Drapé dans un beau noir et blanc qui lui permet d'étendre un voile expressionniste (on pense à Fritz Lang), L'inconnu de Shandigor doit en fait davantage à sa galerie de personnages aussi hallucinés qu'hallucinants que campent avec une présence ad-hoc de vraies gueules de cinéma telles que Daniel Emilfork, Serge Gainsbourg (?), Jacques Dufilho et Howard Vernon, qu'à son histoire nébuleuse. En effet, très vite, le canevas perd son intérêt, ce qui n'empêche pas le spectateur d'être envoûté par cet espèce de ballet surréaliste qui voit plusieurs camps s'affronter atour d'un chercheur et de son improbable invention. Tournée en partie à Barcelone, dont on identifie certaines créations dues à Gaudi, il s'agit d'une oeuvre très méconnue, plastiquement très réussie, parfois prétentieuse dans sa volonté esthétisante, maladroite (les scènes romantiques avec la fille du professeur) mais porteuse d'une vraie poésie singulière et obscure. Une fois l'avoir vue, on n'est pas prêt d'oublier de si vite ces hommes au crâne chauve commandés par Gainsbourg ni le jeu pincé de Daniel Emilfork ou démentiel de Dufilho qui semble tout droit échappé d'un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir ! A (re)découvrir d'urgence... (vu le 04.01.2011) ⍖⍖⍖
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