10 octobre 2016

Clint Eastwood | Le maître de guerre (1986)


En quelques mots : Malgré un titre trompeur, Le maître de guerre, douzième réalisation de Clint Eastwood, est davantage une comédie qu’un film de guerre, celle-ci n’occupant en définitive que la dernière partie de l’histoire. Ce film scindé en deux parties, dont la première, l’entraînement du bataillon de glandeurs dont Clint a la charge, s’avère la plus réjouissante, est véritablement le premier dans lequel l’acteur traite du vieillissement de son personnage, thème certes déjà survolé en 1983 dans Le retour de l’inspecteur Harry. Cependant, dans Le maître de guerre, ainsi que dans la plupart de ses œuvre suivantes, telles que La relève, Dans la ligne de mire (Wolfgang Petersen) et surtout Space Cowboys, cet aspect se trouve au cœur du sujet et non plus seulement en filigrane. Eternel rebelle, au langage volontiers ordurier, qui n’a que faire de l’autorité, le sergent Highway est taxé de dinosaure, comme Dirty Harry. Au cours du récit, ce héros ne change pas, c’est le regard que les autres portent sur lui qui évolue. En effet, au début, ce ramassis de rigolos, emmené par un Mario Van Pebbles hilarant (le pauvre ne sera jamais plus aussi bon, sauf peut-être dans New Jack City qu’il a mis en scène), ne voit en Highway qu’une source d’ennuis et la fin d’une vie pépère. Puis, progressivement, ils vont se rendre compte de la valeur de ce que leur inculque la vieille baderne. Ils finissent par le respecter, à la fois pour son parcours et pour ses qualités humaines, loin des militaires bornés qui peuplent la base. Ce que veut Highway, c’est apprendre à ses hommes à sauver leur peau. On retrouve là, certes sur un mode mineur, un des thèmes chers à Eastwood, celui de l’apprentissage et de la transmission (comme dans Honkytonk Man ou dans Million Dollar Baby). Le maître de guerre, en dépit de sa dernière partie, n’est absolument pas un film militariste, comme beaucoup l’ont prétendu. Abonné aux malentendus qui touchent toute sa carrière, l’acteur ne glorifie pas les Marines, et encore moins la guerre. Son film apparaît avant tout comme le portrait d’un paria, un individualiste qui finit par transformer la communauté dans laquelle il évolue (ici un groupe de Marines), autre thème récurrent dans son œuvre (Josey Wales hors-la-loi ou Pale Rider). Cousin éloigné de l’Inspecteur Harry, Tom Highway peut être considéré comme un des rôles les plus intéressants campé par Clint. On s’attache à ce sergent dur à cuire mais qui ne sait pas parler aux femmes (les scènes avec Marsha Mason sont d’ailleurs des plus savoureuses). Entouré de comédiens peu connus mais solides, Eastwood se révèle comme à l’accoutumé remarquable. Bien sûr Le maître de guerre ne constitue pas le chef d’œuvre de Clint Eastwood, mais il s’agit sans doute de son film le plus drôle à défaut d’être le plus ambitieux.

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