Autokrator,
ce nom ne vous dira sans doute rien mais celui de N.K.V.D., certainement
davantage. Or, les deux entités partagent (au moins) un point commun, le
musicien Loïc F. seul à la barre du second, entouré de quatre autres hères au
sein du premier. Son évocation se veut déjà un indice précieux quant à la
teneur de ce nouveau projet. Et doublement. Connaissant la sève créatrice qui
coule dans les veines du bonhomme, la qualité de ce premier jet ne fait ainsi
aucun doute, quand bien même la réussite de de Vlast puis de Hakmarrja n'est
pas totalement reproduite (nous y reviendrons). Connaissant le bonhomme et son
approche visionnaire enfin, les atours puissamment martiaux qui drapent tel une
armure ce méfait éponyme ne surprennent pas tant que cela non plus. Pour
autant, Autokrator ne noue au final que peu de liens avec N.K.V.D., si ce n'est
ce même ciment autoritaire. Le Black Metal dictatorial cède ici la place à un
maelström assourdissant où copulent Death mécanique, Drone halluciné et Indus
tellurique. De cette masse pulsative n'émergent guère qu'un chant abyssal et
pollué qui gronde et des samples d'une
force cataclysmique, maigres balises auxquelles l'auditeur tente de
s'accrocher, avalé qu'il est par ce torrent de haine froide. Inutile de
chercher à décrire chacune des pistes structurant l'album tant celles-ci se
veulent en réalité les différents actes d'un unique ensemble, d'une tragédie
doloriste. Et si à la fin, on n'est pas certain d'avoir tout compris de ce bloc
(trop) unitaire bouillonnant d'une négativité funèbre, il n'en demeure pas moins que celui-ci
parvient à imprimer une atmosphère de fin du monde très particulière, ce qui
lui confère une précieuse singularité. On ressort de sa défloration, vidé,
asséché, presque agonisant. Tout d'abord offert sous le seul format digital,
Iron Bonehead, pour l'édition vinyle, et Inferna Profundus Records, pour la
tape, ne s'y sont pas trompés, devinant le potentiel d'une oeuvre certes
imparfaite, parfois mal dégrossie sinon brouillonne mais brûlant d'une semence
noire comme l'ébène, capable de vriller l'âme... 3/5 (2015)
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