14 juillet 2016

KröniK | L'Esprit du Clan - Chapitre VI (2016)


Beaucoup le croyait mort, après l'agressif  "Chapitre V : Drama" dont la gestation fut pour le moins difficile. Presque cinq ans d'abstinence discographique n'ont pourtant entamé ni la rage ni la sève créatrice de L'esprit du Clan qui, malgré ses vingt ans d'âge, n'a toujours pas besoin de Viagra pour dresser fièrement son hardcore testiculeux et bitumé. En cela, ce nouvel effort, sobrement intitulé "Chapitre VI" n'annonce pas seulement la bonne nouvelle de son retour aux affaires mais se présente avant tout comme une démonstration, celle d'une vigueur plus que jamais intacte. Revenir, c'est bien, réussir son retour, c'est encore mieux, ce que le groupe a parfaitement compris. Résurrectionnel, cet album ne se révèle ni nostalgique ni ancré dans le passé, œuvre au contraire de son temps, solidement enracinée dans une sombre réalité, qui l'est pourtant moins qu'autrefois. Est-ce à dire que le collectif s'est assagi, a mis de l'eau dans son vin de messe ? Que nenni. Cependant, force est de reconnaître que certains titres, tels que 'L'art est grand' ou 'Sur les murs' sonnent franchement mélodiques, et ne sont donc pas si éloignés que cela d'un death metal gonflé aux hormones énervées du metalcore. Ce n'est pas grave car parfaitement exécuté. De même, bien qu'implacable, 'Rat des villes' , excellent au demeurant, se veut plus un cri d'amour pour Paname qu'un portait peint à l'encre noire du désespoir. L'esprit du clan ne confond néanmoins jamais puissance rugueuse et  énergie béate, assénant, avec un savoir-faire éprouvé qu'on ne saurait lui contester et cette urgence vicieuse,  un art aussi frondeur qu'épidermique. Ne souffrant pas de l'absence de Shiro, l'un de ses deux hurleurs, le groupe crache sa bile tout du long de ce menu râblé quoique rempli jusqu'à la gueule, nerveux parfois ('Hymne au silence'), lourd comme un rouleau-compresseur le plus souvent ('Testa Dura', 'Des volcans'). Plus posé quoique toujours hargneux et bouillonnant, le groupe moissonne l'asphalte, sans jamais débander, multipliant les coups de poings dans la face, que propulsent des guitares extrêmement lourdes à la peau épaisse tandis que, seul derrière le micro, Arsene éructe sa haine comme si demain ne devait plus exister. Bref, ce sixième méfait reste du EDC pur jus qui comblera aussi bien les vieux fans que ceux du dernier rang. Et s'ils ne prennent pas trop de risques, quoiqu'ils continuent d'évoluer et d'avancer, loin d'une stagnation espérée peut-être par quelques pisse-froids , les Franciliens accouchent d'un pavé idéal pour les relancer, taillé pour la scène, domaine où ils restent des souverains. Le roi n'est pas mort...  3/5 (2016)


                                   

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