En quelques mots : "L’inspecteur Harry" inaugure une
série de cinq films produits entre 1971 et 1988, et qui vont faire de l’acteur
une star, voire un mythe tout en lui collant une étiquette de dangereux
réactionnaire dont il aura bien du mal à se débarrasser. Tourné avec
toute la nervosité nécessaire et coutumière du réalisateur, "L’inspecteur
Harry" se révèle être déjà un excellent polar pour le moins efficace, très
rythmé (la musique de Lalo Schifrin n’y est sans doute pas pour rien) , au
scénario parfaitement architecturé et riche en scènes d’action. Longtemps
cantonné à la série B, Don Siegel appose sa griffe à ce film admirable de
sobriété et de concision. Pas un plan superflu, aucun effet facile ne viennent
parasiter la conduite du récit menée avec une urgence presque palpable. Siegel
parvient à rendre avec beaucoup de réalisme le tissu urbain. Baignant dans une
ambiance trouble et violente (la nuit semble peuplée de voyous en tout genre),
la vision de San Francisco ici dépeinte s’avère très éloignée, volontairement
d’ailleurs, de celle de Bullitt qui offrait en 1968 un éclairage plus
pittoresque de la ville californienne. Mais au delà de
ses incontestables qualités, c’est son personnage principal qui a fait la
renommée du film. Harry Callahan est un flic désabusé, solitaire,
individualiste et raciste. Recourant à des méthodes expéditives, il ne
s’embarrasse pas de scrupules pour abattre les criminels de tout poil, se
faisant le bras armé d’une justice par trop laxiste. Il est un chasseur pour
qui seule la traque des meurtriers compte. Il n’a plus de vie sociale et une
vie privée réduite au minimum. Le plus important pour lui est son métier. Dirty Harry
apparaît comme un héros pour le moins ambigu, certes du bon côté de la loi,
mais n’hésitant pas à recourir aux mêmes méthodes (le Magnum 44 le prouve) que
les meurtriers qu’il traque. Parfois, la frontière entre le bien et le mal
semble difficile à définir clairement, comme souvent chez Eastwood. Ainsi, lors
de l’affrontement final, Callahan et Scorpio, chacun mu par des pulsions
meurtrières confinant à l’obsession, ne sont finalement pas si éloignés l’un de
l’autre. Ils constituent en quelque sorte les deux faces d’une même pièce. Seul
Clint Eastwood pouvait interpréter un tel rôle, prêtant à celui-ci son regard
froid et plissé, son hiératisme, son humour empreint de cynisme et son charisme. Suite
aux critiques que le film, conçu comme une sorte de western urbain, a suscité, Clint Eastwood tentera de se défendre en
en tournant une suite deux ans plus tard : Magnum Force.
Chez Zone-Téléchargement
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire