17 octobre 2013

Chronique : Doro - Machine II Machine (1995)




Savez-vous à quoi reconnaît-on le talent ? Sans doute (entre autre) à la capacité précieuse de sauver sa peau quoiqu’il arrive. Démonstration avec le Machine II Machine de Doro. Après s’être imposée comme une des rares femmes à pouvoir rivaliser avec les hommes au sein de la chapelle Heavy durant les années 80, puis prouver qu’elle pouvait exister par elle-même grâce à ses premières aventures en solitaire, la chanteuse allemande surprend tout le monde en gravant en 1995 ce cinquième opus aux traits volontairement modernes, lourds et indus. Cet alliage curieux aurait pu aboutir à une réussite, pourquoi pas ? Ce n'est pas tout à fait le cas. Est-ce à dire que Machine II Machine est honteux ? Que nenni ! Inégal, trop long et maladroit, en revanche, oui. Prolongeant, après Angels Never Die, sa collaboration avec le producteur Jack Ponti, Doro fait aussi appel à Kevin Shirley (Dream Theater, Iron Maiden), tandis que le bassiste Greg Smith, qui participe la même année au Stranger In Us All d’un Rainbow reformé, la seconde pour l’écriture sur la majorité des titres. Si certaines chansons dégagent une puissance incontestable, citons par exemple les premières salves ("Tear It Up", l’hypnotique "Ceremony", probablement l’une des meilleures du lot, "Are They Coming For Me", dont les accents arabisant et la mélodie rappelleront le "Kashmir" de Led Zeppelin), cependant que "Don’t Mistake For Love" honore le pur Hard-Rock auquel la belle nous a habitué, d’autres, par contre, sont moins heureuses, tels que les lourdingues "Machine To Machine", "Love Is The Thrill" ou le remix technoïde de "Ceremony" par ses compatriotes de Die Krupps, avec lesquels elle enregistre le complément de cet album, Machine II Machine : Electric Club Mix, EP publié quelques mois plus tard qui, comme son nom l'indique, la voit tâter franchement du bidouillage industriel. Au moins, reconnaissons à Doro une liberté mêlée d’une vraie sincérité dans sa démarche au moment où certaines de ses concurrentes rentrent leurs griffes soit en suivant les modes (Lita Ford avec Black), soit en se noyant dans la soupe (Lee Aaron, Robin Beck). Peut-être est-ce pour cette raison que, malgré la réussite pour le moins mitigée de cette cuvée, la chanteuse conserve un charme et un talent intactes, à l’aise aussi bien dans le registre agressif ("Like Whiskey Straight") que dans celui de la ballade ("In Freiheit Stirbt mein Here"). Disque aujourd’hui oublié, comme le démontre son absence depuis longtemps lors des concerts de la Teutonne,Machine II Machine n’est pas totalement mauvais mais déçoit et ouvre une période moins glorieuse tant d’un point de vue artistique que commercial pour sa génitrice, baisse de régime et d'inspiration que confirmera Love Me In Black trois ans plus tard.



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