Nonobstant
des qualités certaines, à commencer par ce sens des atmosphères d'une froideur
aussi sinistre que tranchante dont il ouvrait les vannes avec largesse, A Place
To Call My Unknown , le premier méfait longue durée de Cult Of Erinyes ne nous
avait qu'à moitié convaincu, (mal) vendu comme un prêtre de plus d'un
quelconque rituel occulte. Outre le fait que l'album a toutefois tapé dans les
oreilles de Code666 où les Belges seront sans doute plus à leur place que chez
les plus modestes bien que passionnés Acteurs de l'Ombre, on mesure deux ans
plus tard que le groupe mérite mieux que l'image qu'on a pu avoir de lui à
l'époque de cette semence séminale. Ce split partagé avec l'obscur Zifir et
publié via le propre label des musiciens, nous aide ainsi à revoir notre copie.
Débarassé de l'étiquette qu'on a bien voulu lui coller sur le coin de la gueule,
Cult Of Erinyes dévoile un art certes toujours gainé d'une lèpre malsaine mais
cette fois-ci pollué par des miasmes plus lugubres encore qui font plus
qu'affleurer à la surface. En trois plaintes denses et suffocantes, ces
créatures gravent un univers d'obscurité aux atours morbides bien plus
terrifiant que les 46 minutes de A Place To Call Unknown . Plus inspiré
surtout. Moins personnel peut-être aussi. Formant un magma crépusculaire,
"Teutoburger Wald", The Eschatologist" et "Hermitry"
bouillonnent d'une sèvre mortifère, où les tempos véloces se conjuguent à des
instants pétrifiées qu'égrènent des instruments au bord de la rupture. Bref, Cult
Of Erinyes parvient à allier la noirceur austère de la Belgique aux ambiances
cryptiques suédoises. Ce qui surprend bien entendu tout d'abord chez Zifir, ce
sont ses origines, la Turquie donc, car bien qu'état laïque, celle-ci n'en
reste pas moins une terre d'Islam. Mais le Black Metal et tout ce qui va avec
ont pourtant essaimé jusque dans ces enceintes religieuses. Le duo rejoint ces
hordes souvent embryonnaires qui tentent de couler le satanisme dans ce socle
auquel il est à priori étranger. Sa musique étonne moins revanche, errant d'un
art noir dépressif et pollué à la Xasthur ("War") à l'Ambient
("Shroud"), des tempos lancinants ("Kafir/Heathen") aux
cadences effrenées ("Sole Wrong"). Il va sans dire que Zifir emporte
davantage l'adhésion lorsqu'il serre le frein à main pour s'abîmer dans une bouillie
grouillante de négativité. Une (bonne) découverte à tout le moins. Se délestant
chacun d'un petit quart d'heure de noirceur, les interventions respectives des
deux groupes passent en définitive trop vite, laissant le fidèle un peu sur sa
faim tout en lui promettant pour l'avenir des sensations plus mortifères
encore... 3,5/5 (2013)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire