Trois albums entre 1997 et 2001 et puis
s’en va, c’est peu dire que d’affirmer que Karma To Burn s’est arrêté trop
vite, trop tôt. Il manquait tout simplement quelque chose. On ne parvenait pas
à se contenter de ce goût d’inachevé, d’autant plus que les années qui ont
suivi le split ont été les témoins de la montée en puissance d’un culte autour
de ce trio aussi singulier que maudit car précurseur d’une approche – le rock
instrumental – autrefois peu viable sur un plan commercial et désormais très
tendance comme on dit. On espérait de fait, sans forcément trop y croire,
qu’une reformation était possible. Là voilà donc, dans un premier temps
incarnée par des concerts explosifs et jouissifs, manière de confirmer que les
Américains en ont encore dans le slip. La signature chez Napalm Records, si
elle a surpris, le label étant à priori à l’opposé de ce que combo représente,
a cependant rassuré : une quatrième rondelle ne devrait donc plus tarder à
pointer le bout de son dard. Un copieux dvd plus tard, déboule maintenant
ce Appalachian Incantation attendu
depuis près de dix ans ! Et c’est avec plaisir que l’on se rend compte
rapidement, dès « 44 », que Karma To Burn n’a pas changé d’un iota.
Restant fidèle à ce stoner rock - étiquette maladroite qu’on lui a collé sur la
gueule faute de mieux - si particulier car instrumental et ruisselant ce
feeling, cette énergie, que seuls les power trio possèdent. Guitare fiévreuse,
basse volubile et batterie ancrée dans la terre balancent la sauce avec
une vigueur jamais abandonnée et une qualité retrouvée, après un Almost
Heathen, certes intéressant mais moins immédiat car pourvu de titres
moins forts que sur ses deux prédécesseurs. Autant le dire tout de suite,
ces « 42», « 41 », « 46 », grandiose celui-là, n’ont
pas rougir de la comparaison avec leurs aînés, ceux de Wild
Wonderful Purgatory dont Appalachian
Incantation se rapproche.
Forcément. Seul « Waiting On The Western World » dénote un peu au
milieu de ce bloc ramassé, moins par sa qualité que par les lignes vocales qui
étonnement le guident, quand bien même le résultat s’avère moins convaincant
que sur le premier album. Bien que plus ou moins improvisé, celui de Jason
Jarosz demeure encore aujourd’hui souvent inoubliable car suintant un malaise
des plus palpables. Sinon, c’est un sans faute, un orgasme vicieux d’une
quarantaine de minutes, l’extase suprême étant atteinte lors du plus hypnotique
« 43 », moins rock mais aux ambiances super noires et où le jeu du
mésestimé Will Mecum, organique et intuitif, fait couler une épaisse marée
noire. Retour gagnant en définitive pour un Karma To Burn jamais remplacé
avec un album digne de sa légende. Ne reste plus qu’à voir si la chance
lui sourit davantage qu’à ses débuts… Notez enfin que l’édition limitée est
enrichie d’une second disque comprenant des titres réenregistrés, des versions
démos et une piste chantée par John Garcia de Kyuss ! 3.5/5 (2010)
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