7 juin 2010

Anathema | Hindsight (2008)




Lettre à Anathema. Les mecs, je vous aime. Je vous ai découvert avec votre Eternity et depuis, je vous suis resté fidèle, témoin anonyme de votre évolution vers une musique de plus en plus atmosphérique bien que toujours aussi mélancolique et touchante. Il n’en demeure pas moins que vous commencez à me briser mes (pas si) vieilles roubignolles, comme disait Jacques Brel, avec le mépris que vous affichez à l’encontre de vos débuts dont vous n’avez pourtant pas à avoir honte, bien au contraire. A longueur d’interviews, vous ne cessez de vomir sur vos premières œuvres qui ne semblent plus trouver grâce à vos yeux. Cette attitude est insultante pour tous les fans que vous avez alors bouleversé avec Crestfallen, Serenades, The Silent Enigma et bien entendu Eternity qui amorçait déjà le virage musical à venir. Vous avez le droit d’évoluer mais pas celui de renier vos origines. Je vous en veux pour tout ça. Malgré tout, j’ai acheté (oui, il existe encore quelques irréductibles qui achètent des disques !) Hindsight en imaginant qu’il serait votre pierre tombale dans mon cœur. Je me suis trompé. Oh non pas qu’il soit exempt de tout reproche – une simple relecture semi-acoustique de certaines compositions en guise d’album alors que vous n’avez rien publié depuis cinq ans, c’est un peu léger – mais ce disque contient suffisamment de grands moments pour séduire et emporter l’adhésion.



Vous avez donc choisi de revisiter neuf titres (plus une nouvelle chanson, « Unchained », pas désagréable) de votre répertoire récent et de les habiller d’atours décharnés (guitare acoustique, violon, piano…). Si dans le cas du pourtant très beau « One Last Goodbye », le résultat ne se révèle pas transcendant car trop proche de l’original, cette démarche artistique est couronnée de succès avec le sublime « Fragile Dreams » et « Inner Silence » (tirés d’Alternative 4). Le poignant « Angelica » (seul rescapé des débuts) l’est toujours autant tandis que Hindsight permet de redécouvrir certaines pièces de A Fine Day To Exit (le douloureux « Temporary Piece ») et de A Natural Disaster (« A Natural Disaster », illuminé par le chant habité de Lee Douglas et l’immense « Flying »). Curieusement alors que vos chemins se sont séparés à la fin des années 90, vous semblez de plus en plus connectés à votre ancien bassiste Duncan Patterson (qui était en fait bien plus que cela car c’était bien en lui que résidait l’âme du groupe). D’ailleurs, Vinny, tu as joué cette année avec lui dans une petite salle parisienne et il apparaît même sur ce disque pour tenir une mandoline ( ?). Votre art, à l’instar du sien, est de plus en plus dépouillé, diaphane, squelettique, mais toujours aussi beau comme un chat qui dort. Et d’une finesse admirable. Hindsight nous rassure donc sur la puissance émotionnelle toujours intacte d’Anathema mais ne nous en apprend pas davantage quant à la teneur du prochain véritable opus du groupe. Il se dit que Steven Wilson pourrait le produire. Si c’est le cas, on peut en espérer le meilleur… Pour terminer, un conseil les mecs, vous seriez bien avisés de la fermer un petit peu et de vous contentez de faire de la musique. (2008) ⍖⍖⍖


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