5 mai 2010

NIHILL - Grond (2009)

Hydra Head - 7.5/10 - MySpace

Nihill. Tout est résumé dans le nom retenu de cette mystérieuse entité hollandaise dont on ne sait quasiment rien. Cela résonne comme une déclaration. Prétentieux, fumeux et sans intérêt pour certains, monstrueusement noir pour d’autres, Nihill ne laisse personne indifférent. On se moque bien qu’il soit devenu, Hydra Head (le label des mecs d’Isis) oblige, le truc à la mode, le phénomène qu’il faut avoir écouter. Un peu comme Sunn O))), finalement. Voyez-vous c’est tendance de faire copuler le black metal avec le doom décrépi avec une petite touche Noise pour pimenter les ébats. 

Ceci dit, Grond, second volet de ce qui a été élaboré comme une trilogie, entamée par Krach, est effectivement un monstre d’une laideur telle que cela confine à l’absurde. Les quatre ruminations en présence ont des allures de charniers encore fumants. D’une durée voisinant toujours avec les dix minutes au compteur, en venir à bout relève d’un chemin de croix, de l’exercice masochiste. 

Quatre titres, quatre côté d’une figure massive d’une cruauté sublime. Relents de miasmes pestilentielles, « Aard » déboule avec la rapidité d’un torrent en crue. Fissuré de toutes parts, il n’avance jamais vraiment droit. On est littéralement écrasé, étouffé par une densité suffocante. Dix minutes au bord d’un trou noir sans fin, d’un coup de boutoir infini qui vous sape, vous pénètre, vous vide de toute substance vitale. 

Malgré l’aridité de la plastique et une sévérité calcaire, une beauté torve suinte de Grond, comme l’illustre « Antimoon », lancinante macération qui érige la négativité en art. Le riff qui en forme la colonne vertébrale laissera longtemps des cicatrices dans votre chair. Si « Vacuum » est une plongée abyssale au goût de remugles vertigineux et pataugeant dans un capharnaum abominable, que dire de l’ode terminale « Pulsus », mortification dissonante qui se traîne à la vitesse d’une limace. Chaotique, cette plainte est déchirée, transpercée même, par des cris comme échappés d’un asile, sorte de symphonie cryptique polluée vide de sens. Définitif. Aller au-delà dans la moisissure maladive semble impossible. Et vain.

Ces hollandais ne vont bien. Ce qui prennent un plaisir morbide à les écouter aussi. Grond ou le départ vers la folie. Comme il va encore plus loin que son prédécesseur, on frémis en pensant à celui qui va lui succéder qui sera, en toute logique, un vagin noir sans fin. Mais le black metal ne doit-il pas effectivement être un cri de haine en même qu’une peinture souillée de la vie à la négativité nihiliste ? (cT2009)


TRACKLISTING
  1. Aard (the fermentation of sol and luna in the black foliated earth) 11:25
  2. Antimoon (concerning the dead, the coffin's fire slow, but eternal) 17:13
  3. Vacuum (the complexity of of entering the vaults of death) 12:17
  4. Pulsus (sailing the great dark cosmic sea of chaos) 11:25
TOTAL RUNNING TIME 52:12

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