13 mai 2010

LA CAVE DE CHILDERIC THOR : MINSK - With Echoes in the Movement of Stone (2009)

Relapse - 8/10 - MySpace

Contrairement à ce que son patronyme pourrait laisser suggérer, Minsk ne vient pas de Biélarussie. Non, le groupe est américain et beaucoup l'ont sans doute découvert il y a deux ans avec The Ritual Fires Of Abandonment, un deuxième essai excellent bien qu'encore un peu trop prisonnier des influences majeures de ses géniteurs et en premier lieu, la figure tutélaire du genre, à savoir Neurosis. Dans un socle enraciné dans le post-rock granitique, Minsk y greffait pourtant avec réussite des touches tribales et progressives (King Crimson, le Krautrock...) inédites lui permettant de se singulariser d'une scène alors en pleine explosion médiatique tout en lui conférant une beauté irréelle.

Il lui aurait été facile - et confortable ! - de poursuivre dans cette voie. Il n'en est rien. Certains le regretteront. Je préfère quant à moi saluer des musiciens qui refuse la stagnation, la redite. Les traits propres à sa personnalité sont toujours là, bien présents, mais avec intelligence, le groupe les arbore sur With Echoes In The Movement Of Stone, d'une manière différente, plus subtile peut-être. Alourdi par cette batterie tribale et ces claviers comme échappés des seventies, le monumental "The Shore Of Transcendence" témoigne de cette évolution, magma bouillonnant de près de 10 minutes qui fusionne ces ingrédients plutôt que de les séparer.

Minsk conserve son ossature (notamment ce chant conforme au style, parfois clair ou plus énervé), n'a pas pansé ses plaies d'où suintent toujours ces vibrations dépressives mais il réarrange encore davantage sa palette sonore. Cet album est une masse compacte fissurée de griffures qui font couler un sang encore plus noir. Ainsi, le terrassant "Almitra's Premonition" prend tout d'abord l'allure d'une chape de plomb suffocante. Puis peu à peu, des nappes synthétiques viennent percer ce substrat avant que des guitares émotionnelles libèrent une tristesse corrosive. Le titre s'achève sur une rencontre de plaques tectoniques où la batterie résonne comme un écho de l'apocalypse.

Plus oppressante que jamais, la musique forgée par les Américains creuse de profondes excavations dans la pierre, une pierre brûlante, abrasive, plus doom que post-rock, à l'image du définitif "Crescent Mirror", dont il est bien difficile de sortir indemne. De fait, Minsk, aidé en cela par la production du bassiste Sandford Parker (Nachtmystium), plonge son art dans une noirceur insondable qu'aucune lumière ne vient jamais éclairer. Plus crépusculaire que The Ritual Fires Of Abandonment qui n'était pourtant déjà pas une ode à la joie de vivre, With Echoes In The Movement Of Stone est un trou noir abyssal comme le démontrent des monstres tels que "Pisgah", rongé par une folie prolifératrice, "Consumed By Horizons Of Fire", ou le bien nommé "Requiem - From Substance Of Silence" qui fait mourir ce bloc massif sur une note totalement désespérée. Les riffs, beaux à en pleurer, y ouvrent des espaces de mort, encadrés par des martèlements à l'agonie. Pas de montée en puissance salvatrice sur ce disque ou de percées plus atmosphériques ; les claviers se font plus discrets, le saxophone a disparu.

Alors que Cult Of Luna semble en panne sèche, que Isis décolle de en plus en plus vers une plastique aérienne, Minsk, lui, a décidé d'emprunter une direction inverse et de larguer les amarres pour se perdre dans un abîme dont il ne reviendra peut-être jamais... Superbe et déchirant.

TRACKLISTING
  1. Three Moons 06:07
  2. The Shore Of Transcendence 09:59
  3. Almitra's Premonition 10:06
  4. Means To An End 05:59
  5. Crescent Mirror 08:57
  6. Pisgah 04:06
  7. Consumed By Horizons Of Fire 06:31
  8. Requiem - From Substence To Silence 11:18
TOTAL RUNNING TIME :63:03

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